Des Rocheuses au Pacifique
À l'ouest des Grandes Plaines commence la puissante masse des Cordillères occidentales, qui se poursuivent au Canada et au Mexique et occupent environ 30 % de la surface de l'Amérique du Nord. C'est une zone complexe par son relief, par les roches qui la constituent, par les étapes de sa formation. De nombreux volcans et des tremblements de terre occasionnels témoignent d'une orogénie toujours vivace dans la zone la plus voisine de l'Océan. On distingue plusieurs bandes parallèles de l'est à l'ouest.
Les Rocheuses dominent nettement les Grandes Plaines vers l'est, mais se prolongent par de hauts plateaux vers l'ouest. Dans l'ensemble, les formes sont lourdes et les sommets fréquemment aplanis, même dans les grandes chaînes. C'est la limite de partage des eaux entre le versant atlantique et le versant pacifique. Les formations géologiques sont de plus en plus récentes de l'est à l'ouest : le socle précambrien et sa couverture, plus ou moins déformée, apparaissent à l'est et disparaissent progressivement sous les plissements jurassiques et crétacés vers l'ouest ; les influences glaciaires sont très marquées (roches rabotées, cirques, vallées en auge), tandis que le volcanisme a joué un rôle considérable : plateaux de lave qui peuvent atteindre jusqu'à 600 ou 700 m d'épaisseur et sont découpés en canyons dans la région du Yellowstone ; geysers fameux comme le Old Faithful qui jaillit à intervalles réguliers et fait la gloire du célèbre parc national de Yellowstone. Les plus hauts sommets dépassent 4 000 m : monts de la Wind River (4 202 m), Uinta (4 115 m), Elbert (4 399 m), Colorado Front Range, monts San Juan au sud-ouest. Entre ces sommets, des bassins ou parks, vastes étendues emplies de terrains sédimentaires où les rivières s'encaissent en profonds canyons.
.
À l'ouest des Rocheuses, une série de plateaux s'étend largement : les aspects varient en fonction de l'altitude, de la latitude et de la puissance des chaînes qui les limitent vers l'ouest. Au nord, les plateaux de la Columbia forment vers 1 000 à 2 000 m le piédestal des chaînes qui les dominent ; ils sont couverts de grands épanchements de laves et ont été très sculptés par les glaciers. Au sud, le « Grand Bassin » occupe 10 % de la surface des États-Unis : c'est une région accidentée de chaînes parallèles nord-sud, séparées par des bassins désertiques ; le drainage est endoréique : c'est la région la plus sèche des États-Unis. Dans les creux existent souvent des lacs temporaires dont le plus important est le Grand Lac Salé. Sous ce climat, l'érosion éolienne est très importante (dunes, grands bassins, bolsons). Au sud, les plateaux du Colorado couvrent une surface aussi vaste que les trois quarts de la France : élevés de 1 600 à 3 000 m, ils sont constitués par des couches à peu près horizontales tranchées par les canyons des États-Unis les plus visités : celui du Colorado traverse la région sur 300 km par une entaille profonde de 1 000 à 2 000 m et large de 8 à 25 km. La majesté du relief, la beauté des couleurs, la pureté et la transparence de l'air font de cette région une des plus renommées des États-Unis.
À l'ouest, la bordure montagneuse du Pacifique est formée par la succession des Cordillères occidentales, qui possèdent les plus hauts sommets et les zones les plus instables de toute l'Amérique du Nord. Au nord, la chaîne des Cascades, ruisselante d'eau et couverte de belles forêts, associe les dômes granitiques, les chaînes plissées et les cônes volcaniques. Au sud, la sierra Nevada s'étend sur 700 km ; le granite, qui en forme l'essentiel, donne les sommets extraordinaires que l'on peut voir dans le parc national de Yosemite . Au pied de ces hauteurs, une ligne de dépression court du nord au sud : elle constitue successivement le chenal maritime du Puget Sound sur lequel est installé le port de Seattle, la vallée de la Willamette, puis la grande vallée de Californie où coulent le Sacramento et le San Joaquin. C'est une région d'affaissement récent puisque, en Californie, où la dépression s'allonge sur 600 km, avec 80 km de large, les dépôts quaternaires ont jusqu'à 900 m d'épaisseur. À l'ouest, de petites chaînes de roches plissées tombent directement sur le Pacifique. Elles peuvent atteindre 2 500 m d'altitude et le volcanisme y apparaît localement. La plaine côtière pacifique est réduite à une étroite bande de 2 à 3 km de largeur. C'est une zone de montagne encore en évolution comme en témoignent les fréquents tremblements de terre.
Le climat et la végétation
La masse continentale, l'orientation du relief et l'étirement en latitude sur plus de 3 000 km sont les facteurs fondamentaux du climat. Il faut, en outre, tenir compte des courants côtiers froids qui atteignent la latitude de New York, à l'est, et la côte californienne, à l'ouest, tandis que la vaste ouverture du golfe du Mexique a des effets bénéfiques : combinée avec la masse énorme des terres qui l'encadrent au nord et au nord-ouest, elle constitue une zone de forte opposition, créant des conditions favorables à une ample circulation des masses d'air, surtout en été où l'air tropical pénètre jusque sur le revers des Appalaches et sur le front des Rocheuses, au-delà même de la frontière canadienne. En hiver, au contraire, la disposition du relief favorise la pénétration des masses d'air polaires sur tout l'intérieur du continent. Cet affrontement, au sein d'un même ensemble continental, de masses d'air polaires, froides et sèches, et de masses d'air tropicales maritimes, chaudes et humides, est propice à la formation de nombreux cyclones tempérés qui se déplacent à travers le continent et dont la zone s'étend depuis le sud-ouest du Texas jusqu'au nord de l'Alberta. C'est ce qui explique la violence et les contrastes du climat nord-américain, dont les manifestations spectaculaires sont bien connues (vagues de chaleur, coups de froid avec tempêtes de neige, cyclones).
Les climats de l'Est
À l'est, les zones climatiques forment des bandes sensiblement ouest-est qui s'arrêtent à la limite des Grandes Plaines et se différencient surtout par les températures ; au-delà du 100e méridien, c'est la sécheresse et l'humidité ou bien l'altitude qui jouent le rôle dominant, et les zones climatiques s'allongent plutôt du nord au sud, sauf sur la côte pacifique où la latitude redevient le facteur principal.
Dans le Nord-Est et le Centre-Est domine le climat continental humide, aux hivers froids et aux étés frais. Le déplacement des fronts donne un climat variable, avec de fréquentes dépressions cyclonales provoquant la pluie ou la neige. Des nuances existent en fonction de la situation plus ou moins continentale ou septentrionale. En Nouvelle-Angleterre, les précipitations sont abondantes toute l'année avec beaucoup de neige en hiver, ce qui a permis la pratique récente des sports d'hiver. Nulle part la moyenne de juillet n'est supérieure à 22 0C ; les hivers sont froids avec des températures qui peuvent tomber jusqu'à — 35 0C. La période de végétation est réduite à 120 jours ; toutes les montagnes intérieures sont couvertes de forêts. La zone des Grands Lacs bénéficie de l'influence de ces masses d'eau, qui réduisent les extrêmes de température mais favorisent la formation des brouillards et de nébulosité. La période de végétation atteint 160 jours ; les précipitations sont plus faibles qu'en Nouvelle-Angleterre (60 cm contre 1 m). Si la forêt et la prairie sont encore des formes essentielles de végétation, des conditions climatiques particulières dans les lieux abrités permettent l'installation de cultures très spécialisées, comme les vergers et les cultures maraîchères. Quant aux plaines centrales septentrionales, elles ont un climat beaucoup plus brutal avec des hivers glacials et des étés très chauds ; les précipitations dépassent encore 60 cm par an, mais sont en grande partie absorbées par l'évaporation due à l'ensoleillement. Au niveau de la frontière canadienne, plus de 60 nuits ont une température inférieure à 15 0C ; les hivers sont longs et durent de six à sept mois. À Winnipeg, l'écart moyen annuel atteint 38 0C (moyenne de juillet 18 0C, de janvier — 20 0C). La végétation naturelle est toujours la forêt mais, en dehors des conifères, d'autres arbres comme l'érable, l'orme, le peuplier se multiplient et, à mesure qu'on va vers l'intérieur, la forêt devient plus claire et se mélange avec la prairie aux herbes hautes.
Depuis la région de New York, sur une partie de la plaine côtière au pied des Appalaches, et dans les Plaines centrales du sud du Michigan au confluent du Missouri et du Mississippi, on rencontre un climat tempéré, frais et humide. L'air polaire détermine encore les froids d'hiver (moyenne de janvier à Saint Louis, au sud de cette zone, 0 0C) ; l'hiver est souvent marqué, surtout dans la région côtière, par le passage des dépressions circulant du sud-ouest au nord-est. À partir du printemps, l'air tropical maritime humide prend de plus en plus d'importance et occupe totalement la région en été. Les températures de juillet sont de 20 0C à Toronto, 23 0C à Chicago, 25,5 0C à Saint Louis. Les précipitations atteignent 75 cm à 1,20 m et surviennent surtout en été lorsque l'air chaud et humide du Golfe pénètre dans l'intérieur ; les orages sont alors fréquents. C'était aussi le domaine de la forêt (chênes, châtaigniers, noisetiers), tandis que, vers l'ouest, on trouve la prairie à grandes herbes. Les sols sont ici profonds et riches en matière organique et très propices à l'agriculture.
Au sud, le climat subtropical humide, à étés chauds, englobe la plaine côtière des États-Unis (sauf l'extrême pointe de la Floride, qui appartient au climat proprement tropical), les plaines du Golfe et se prolonge dans la basse vallée du Tennessee et de l'Ohio, dans le bassin de la Red River et dans la plus grande partie de celui de l'Arkansas. La douceur y est générale et les étés sont très chauds. Le gel n'existe pratiquement pas en Floride du Sud et à l'extrémité du delta du Mississippi (La Nouvelle-Orléans a, en janvier, une moyenne de 12 0C). La saison de végétation dépasse 240 jours et est encore de 200 jours au nord de l'Arkansas. Cependant, des coups de froid pénibles peuvent se faire sentir et on a même enregistré — 12 0C à La Nouvelle-Orléans. L'humidité diminue de l'est vers l'ouest ; 1,30 m sur la plaine côtière atlantique (147 cm à La Nouvelle-Orléans, 142 cm à Miami), 75 cm à 1 m au Texas, et aussi dans l'intérieur : c'est la fameuse Cotton Belt. À l'humidité de l'Est correspond une forêt vigoureuse et variée ; à la sécheresse de l'Ouest, une forêt de chênes à petites feuilles, coupée de vastes clairières et qui disparaît dans l'ouest du Texas où l'irrigation devient nécessaire à la culture.
Climat des Grandes Plaines
À partir du 100e méridien, les Grandes Plaines ou Hautes Plaines, qui s'étendent vers l'ouest, sont protégées des influences occidentales par les chaînes montagneuses, et soumises aux conditions d'appel d'air maritime tropical venu du golfe du Mexique : les chutes de pluie sont donc relativement faibles et diminuent du sud-est au nord-ouest (80 cm au nord-ouest de l'Oklahoma, 45 cm dans le Montana) ; les quatre cinquièmes de ces précipitations tombent de mai à septembre, pendant la période de végétation mais aussi d'évaporation maximale ; les irrégularités annuelles sont grandes ; l'hiver est sec. Les forêts disparaissent et l'érosion des sols sous l'influence des vents violents a pu être considérable (Dust Bowl). En raison de l'étirement en latitude, les températures sont très différentes dans le Nord (durée moyenne de la période de végétation, trois mois) et dans le Sud (six mois). L'amplitude thermique est élevée (35 0C), à cause surtout des chaleurs d'été (la moyenne est partout supérieure à 25 0C).
Les cordillères occidentales
Les montagnes de l'Ouest ont un climat sévère mais assez différent suivant leur accessibilité à l'air océanique humide. Dans le Nord-Ouest, l'influence du Pacifique sur les températures est à peu près arrêtée par la chaîne des Cascades alors que, sur les précipitations, elle se fait sentir jusqu'à la chaîne de Bitterroot. C'est dans cette région qu'on a enregistré la température la plus basse des États-Unis (le 20 janvier 1954 : — 56 0C à 60 km au nord d'Helena dans le Montana). L'été est très chaud, l'hiver modérément froid ; les pluies se raréfient rapidement (20 cm sur le plateau de la Snake), mais augmentent sur les chaînes montagneuses (1,50 m sur les Blue Mountains) abondamment enneigées. La période de végétation dure environ quatre à cinq mois. Au sud du 42e degré de latitude, l'hiver se réchauffe sensiblement et l'été devient brûlant. Dans la région du Grand Lac salé, vers 1 400 m d'altitude, la moyenne de janvier oscille autour de 0 0C et celle de juillet autour de 25 0C. La pureté et la sécheresse de l'air ont assuré la fortune de l'oasis de Phoenix, centre de production agricole et surtout de tourisme réputé. Les précipitations varient suivant l'altitude mais elles sont généralement peu élevées : c'est un véritable désert où l'irrigation est nécessaire à l'exploitation du sol. Sur les chaînes montagneuses, l'humidité est plus considérable et la forêt reparaît jusqu'à 4 000 m au Nouveau-Mexique et 3 500 m au nord du Montana. La transhumance du bétail est associée à la sécheresse des plateaux et à la verdure montagnarde. Grâce à l'irrigation, de véritables oasis autour de villes souvent très peuplées ont pu s'implanter.
Les climats de la côte pacifique
Sur la côte pacifique, on enregistre la même opposition entre le Nord et le Sud. Dans l'État de Washington, l'influence maritime s'exerce assez constamment ; en hiver, de nombreux cyclones extra-tropicaux déferlent sur la côte où l'amplitude thermique n'est guère que de 8 0C. La période de végétation dure environ sept mois. Au niveau de la mer, il tombe 1,50 m de pluie par an (peu pendant la période froide de novembre à avril, mais surtout au cours des orages d'été) et, sur les premières pentes, on recueille jusqu'à 3 m d'eau. C'est le domaine des rivières nombreuses et abondantes, grandes productrices d'hydroélectricité, renommées pour la pêche au saumon, et de la forêt. À partir du sud de l'État de Washington, les températures augmentent mais le courant froid de Californie rafraîchit la côte, surtout au printemps et au début de l'été. Les étés sont lumineux, tandis que l'hiver est plus instable ; on qualifie parfois ce climat de méditerranéen. Les précipitations diminuent du nord (1,20 m) au sud, où le désert commence à quelques kilomètres de la mer. La période de végétation couvre onze mois de l'année. Le brouillard est fréquent, principalement en été, et, au voisinage immédiat de la côte, il se combine dans les grandes villes comme San Francisco et Los Angeles avec les poussières et les fumées pour donner le redoutable smog (smoke + fog). Pourtant le climat californien est, avec celui de la Floride, le plus réputé des États-Unis.
· Jacqueline BEAUJEU-GARNIER,
· Catherine LEFORT
Share with your friends: |