États-unis d'AMÉrique le territoire et les hommes Géographie


I - Quatre ensembles du relief bien distincts



Download 336.34 Kb.
Page8/18
Date02.02.2017
Size336.34 Kb.
#15665
1   ...   4   5   6   7   8   9   10   11   ...   18

I - Quatre ensembles du relief bien distincts

À première vue, le relief canadien semble d'une étonnante simplicité ; on en arrive même à imaginer qu'il n'est que le prolongement nordique du triptyque étatsunien associant Appalaches, plaines centrales et montagnes de l'Ouest. La réalité est différente, à deux titres : d'une part, si l'on retrouve bien les trois subdivisions précitées, force est de constater que leur présence au Canada est passablement modifiée ; d'autre part s'ajoute un quatrième élément qui singularise tout à fait le Canada par rapport à son voisin : le bouclier.


À l'ouest, le système cordilléran est beaucoup plus resserré qu'aux États-Unis. Les montagnes Rocheuses, qui, contrairement à ce que l'on entend souvent, ne sont que l'axe des hauts sommets le plus à l'est, surgissent brutalement au-dessus des collines de piedmont (Foothills) et culminent à 3 954 mètres au mont Robson. Formées par une succession d'écailles développées dans des sédiments secondaires alternativement durs et tendres, ces montagnes se prêtent à une morphologie structurale exemplaire autant qu'élémentaire tant la nature et la disposition des couches sont faciles à percevoir dans le paysage : aux alentours du lac Spray, le profil transversal rappelle à s'y méprendre le toit à sheds d'une usine du XIXe siècle. Sur 1 700 mètres de hauteur, le millefeuille stratigraphique du mont Robson n'a d'égal que la paroi nord de l'Eiger. Et, à quelques kilomètres de Banff , la pyramide calcaire du mont Assiniboine vaut à ce dernier le surnom de Matterhorn of the Rockies tant on pourrait s'imaginer au pied du célébrissime Cervin !

Vers l'ouest, les montagnes Rocheuses s'interrompent tout aussi nettement qu'elles apparaissent au-dessus des Prairies : un long et profond sillon (Rocky Mountain Trench), au deuxième rang mondial après le rift est-africain pour la longueur et la continuité, sépare sans transition le bourrelet montagneux des hauts plateaux intérieurs. Ceux-là, moins élevés et un peu plus monotones, doivent l'aération de leur relief aux langues glaciaires dévalant des Rocheuses à l'ère quaternaire, qui ont achevé d'établir le réseau hydrographique du Fraser, contribuant ainsi à la mise en place des axes de communication contemporains. Plus à l'ouest, un nouveau bourrelet de hautes montagnes correspond au système des chaînes pacifiques. À lui les plus hautes altitudes puisque, dans l'angle sud-ouest du territoire du Yukon, aux confins de l'Alaska, le mont Logan (6 050 m) est le point culminant de tout le Canada. À lui également les paysages littoraux les plus spectaculaires qui voient la montagne dégringoler dans le Pacifique et l'océan pousser ses tentacules par des fjords aux parois vertigineuses (Squamish). Les ultimes chaînons côtiers, continus aux États-Unis, ne se manifestent plus que fragmentés, représentés par des îles (Vancouver) ou un archipel (Reine-Charlotte).

Tant dans les Rocheuses que dans les chaînes pacifiques, la parure des glaciers illumine encore fortement la montagne, bien qu'elle ne soit qu'un pâle reflet des grandes glaciations du Quaternaire. Le glacier de Columbia dans les Rocheuses, avec ses sept langues s'écoulant à partir de la calotte centrale, illustre en miniature les vastes inlandsis qui ont enseveli à quatre reprises la quasi-totalité du sol canadien.

Les Prairies, inscrites géologiquement entre le bouclier et le système montagneux occidental, sont assimilées aux plaines de l'intérieur. Immense corridor s'ouvrant vers l'océan Arctique grâce au bassin hydrographique du Mackenzie, ce monde de croupes et d'incommensurables étendues horizontales n'est interrompu dans sa monotonie que tout au sud par les Cypress Hills. Contrairement à ce que l'on imagine, la monotonie n'y existe pas partout, à condition de tenir compte, ici encore, des distances dont l'unité est la centaine de kilomètres. Imperceptible mais pourtant réel, un gigantesque glacis occupe la moitié de l'Alberta en direction des Rocheuses : c'est ce plan incliné qui vaut à Calgary d'être à plus de 1 000 mètres d'altitude. À l'est, une bonne partie du Manitoba est parcourue par un escarpement structural, permettant d'opposer « montagne » et « plaine » même si la dénivellation n'atteint que 50 mètres au maximum dans les environs de Baldur ou Notre-Dame-de-Lourdes. La platitude générale de Manitoba, associée à une forte épaisseur de sols argileux, entraîne une plus forte densité de lacs, dont certains de grande superficie (lac Winnipeg).

Le bouclier, auquel l'usage associe le qualificatif de « canadien », est incontestablement l'aire la plus originale dans le relief du pays. Il s'agit du plus vaste ensemble géomorphologique que l'on connaisse au monde, sur une étendue voisine de la moitié du Canada. Recouvrant, schématiquement, une étendue quasi circulaire ayant pour centre la baie d'Hudson, il pèse par son ampleur et impressionne par la répétition des mêmes paysages sur des centaines de kilomètres. Formé de terrains précambriens, uniquement recouverts de quelques strates primaires au sud et à l'est de la baie de James, le bouclier apparaît déprimé en son centre et relevé sur ses marges, surtout à l'est et au sud où se rencontrent les « hautes terres » des Laurentides, du Labrador et de l'île de Baffin. L'image stéréotypée de l'immense et morne pénéplaine polie par les glaciers, criblée de lacs et uniformément recouverte par la forêt boréale s'observe avant tout dans le large demi-cercle allant du Grand Lac des Esclaves au Labrador. Le bouclier est un monde en soi, relativement austère et surtout très peu occupé par l'homme. Cependant, son apparente stérilité en surface est largement compensée par les richesses qu'il recèle en profondeur : on a ici la plus vaste réserve minérale de la planète.

Les basses terres laurentiennes et les « Maritimes » constituent le quatrième ensemble du relief du Canada. Se juxtaposent l'ample corridor du Saint-Laurent, d'orientation sud-ouest-nord-est où le remblaiement alluvial et le développement de terrasses fluvio-glaciaires garantissent de bons sols que concrétise l'essor de l'agriculture, et, plus à l'est, de Terre-Neuve au sud du Nouveau-Brunswick, la portion extrême du système montagneux appalachien, dont les formes morphologiques sont passablement émoussées du fait de l'abrasion glaciaire quaternaire. Le littoral combine fjords et plaines de niveau de base, ces dernières trouvant leur expression la plus nette dans la baie de Fundy, où le marnage est le plus élevé que l'on puisse rencontrer sur terre (18 m).

Globalement simple dans ses aspects autant que dans le partage de son espace, le relief canadien est considérablement marqué par le rôle de la glace et de l'eau. Au point que ces deux éléments finissent par être autant représentatifs du pays que la légendaire feuille d'érable rougie par les premières manifestations de l'automne...

Les lacs occupent 7,5 % du territoire fédéral, c'est-à-dire une fois et demie la superficie de la France. Dans les seuls Territoires du Nord-Ouest, leur part dans la surface totale est supérieure à un tiers. Les bassins-versants des grands fleuves sont également évocateurs d'une démesure incontestable : 3 583 265 kilomètres carrés pour celui des fleuves tributaires de l'Arctique. À l'eau, omniprésente, s'ajoute la glace. Elle recouvre une petite partie des hauts reliefs de l'Ouest, mais elle caractérise bien davantage les espaces nordiques sous forme de banquise, transformant les étendues marines en surfaces assimilables à des continents durant au moins neuf mois par an. Elle matérialise à la perfection le froid qui définit la majeure partie du Canada, dont le climat est moins uniforme qu'on imagine, lui aussi.





Download 336.34 Kb.

Share with your friends:
1   ...   4   5   6   7   8   9   10   11   ...   18




The database is protected by copyright ©ininet.org 2024
send message

    Main page