Depuis les balbutiements, dans l’Antiquité jusqu’au xive siècle, la linguistique se résumait principalement à la philologie. Au ve siècle av. J.-C., le grammairien indien Panini décrivit et analysa les sons et les mots du sanskrit. Plus tard, les Grecs et les Romains introduisirent la notion de catégories grammaticales qui, pour l’essentiel, sont celles qui servent toujours de noyau à la grammaire. Par la suite, le développement de l’imprimerie, la multiplication des traductions de la Bible dans de nombreuses langues et l’essor de nouvelles littératures rendirent possible la comparaison des langues. Au début du xviiie siècle, le philosophe allemand Leibniz avait suggéré que l’égyptien, les langues européennes et asiatiques avaient peut-être un ancêtre commun. Même si ce postulat s’est révélé par la suite partiellement faux, il n’en a pas moins donné son impulsion initiale à la philologie comparée (ou linguistique comparée). Vers la fin du XVIIIe siècle, un érudit britannique du nom de sir William Jones observa que le sanskrit présentait des similitudes avec le grec et le latin, et il avança l’idée que ces trois langues avaient peut-être une origine commune. Au début du XIXe siècle, les linguistes allèrent beaucoup plus loin dans cette hypothèse. Le philologue allemand Jacob Grimm et le danois Ramus Christian Rask remarquèrent que, lorsque les phonèmes d’une langue correspondaient selon un schéma régulier à des phonèmes qui occupaient une place similaire dans des mots d’une autre langue apparentés sur le plan du sens, les correspondances étaient cohérentes. Par exemple, les phonèmes initiaux du latin pater (« père ») et ped- « pied » correspondent de façon régulière aux mots anglais father et foot. (Voir aussi, loi de Grimm)