University and PMS (1939-40)
With the bac, Guy could start on an university course, which, according to his father, he did not take very seriously. His work as a student did not seem too heavy, nine hours of lectures a week.
Point de vue travail, cela marche assez bien. Je maintiens mes notes du début. J'achève de m'habituer à mon genre de travail, qui est bien le plus intéressant, de tous ceux que j'ai connu jusqu'à ce jour. Matériellement, je suis à merveille à la Cité Universitaire, très bien nourri et très bien logé, mais je me répète, je t'ai déjà dit tout cela dans ma dernière et première lettre.
Tu me demandais des détails sur la PMS. C'est un délassement de l'esprit par mortification corporelle qui nous offre hebdomadairement l'Armée Française. Cela consiste en des multiples allers et retour au pas cadencé avec des armes sur l'épaule, des tirs au fusil mitrailleuse ou fusil mitrailleur. Des attaques à la baïonnette avec le masque. Tot un tas de petites distractions très amusantes. Tout cela agrémenté de multiples théories sur le bel art militaire. C'est passionnant et délassant.
A la Faculté, j'ai 9 heures de cours par semaine, 3 de Grec avec Delage, 3 de Latin et 3 de Français. Parfois un petit avant-goût de philologie pour me préparer à la tartification de l'an prochain.
A few months later, there seem to be some changes in the air, perhaps because of the war, but Guy did not give any indication of interest. He gave a good description of the military preparation:
On vient de me doubler mes heures de cours. Je n’en ai plus qu’une (la plus intéressante d’ailleurs) pour Monsieur Delage, (qu’il est question de rendre au service de la République). Je travaille en ce moment ma P.M.S., j’ai les examens de 1ère année le 15 mars et en juin, j’aurais terminé les deux années, ce qui me donnera le droit à 1 galon d’aspirant, dès mon entrée dans l’armée et de sous-lieutenant au bout de trois mois. J’espère m’en sortir assez bien. Je fais de très beaux tirs.
Comme professeur de latin et de grec, on nous a amené deux demoiselles très calées qui nous obligent à garder un silence tombal sous peine d’étouffer leur mourante voix, qui se perd dans l’amphi des lettres. Comme notes, j’évolue gracieusement au-dessus de la moyenne depuis le début de l’année.
Au point de vue distraction et délassements, je me contente de distractions bon marché, telles des balades nocturnes et des blagues aux bourgeois. Pas de cinéma, (il y a bien quinze jours que je n’y ai pas été.) Les programmes bordelais sont trois fois nuls. Pas de flirt non plus, c’est trop cher de temps et d’argent. D’ailleurs, je n’ai pas grand mérite, j’ai rarement vu plus grande collection de mochetés que les « facultatives » de Bordeaux.
What he says about the PMS still held true when it was my time, in 1976 to do that training, and the value of starting military service as an aspirant still held attraction. In our case, the duration of the PMS was only one three week period during the summer, rather than a continuous course over 2 years. And we did not have a war looming just under the horizon.
He does seem to be painting a rosy picture of his university work, compared to what Auguste wrote to Hélène a few months later: "il en a profité pour ne pas travailler, ses examens s'en sont ressentis (…)cette année d'étudiant a été si décevante"21. It is not even sure that he was successful at the PMS, as when his time for call up came, he was only a sergeant after the drafting in period.
Guy's vocation for priesthood and departure
We saw that Guy had written to his great-uncle François the missionary in November 1935. Perhaps the example of a life devoted to helping the Indians with both their earthly and spiritual needs was a big influence on him.
He told his grandfather of the rather abrupt revelation, asking him to keep the project secret, in case he changed his mind:
Je t'écris pour t'annoncer une bonne nouvelle à laquelle tu ne t'attends certainement pas. Je ne te demande qu'une chose, c'est de ne la communiquer à personne en cas qu'elle ne soit pas sûre et tout à fait déterminée. Voici de quoi il s'agit: je vais me faire prêtre. La vocation ne m'en est venue qu'il y a un mois, à la fête de St Joseph. Elle n'est donc pas assez éprouvée et je te prie de n'en rien dire à personne [souligné] pas même à Tante. Seuls mes directeurs et Papa et Tante le savent;
Je suis sûr que tu prieras bien pour ma vocation et que tu en seras très content. J'ai surpris ici beaucoup de mes professeurs et surtout mes parents ! Tu penses ! Mes maîtres m'encouragent et étudient sans doute ma vocation. Je te prie donc toi aussi de bien prier St Joseph le patron de mon collège pour qu'il fasse fructifier le germe qu'il a mis en moi le jour de sa fête.
J'espère aussi que malgré la joie que tu en ressentiras, tu ne communiqueras à personne ma nouvelle. On ne sait jamais ! Malgré ma joie du moment, je changerai peut-être un jour d'avis. Tu ne diras donc rien d'ici après la fin des vacances prochaines, je te dirai si l'épreuve des vacances, car c'en est une très dure, n'aura pas détruit ma vocation. J'ai réfléchi à tout et rien jusqu'à présent ne m'a paru un obstacle infranchissable. Je te dirai aussi que j'ai un autre [projet] moins arrêté, mais qui me travaille beaucoup, celui de me faire missionnaire !
We know that his parents did not oppose this scheme in order not to harden their son's intent. His grandfather was not overjoyed either, if we read between the lines of his conventional reaction:
Ce cher enfant et heureux de sa vocation et soyons le avec lui. Mais tout cela est bien pénible d'un autre côté et je n'en dors pas mieux depuis quelque temps. C'est un grand sacrifice qu'on ne peut qu'offrir à Dieu. Cette définitive annonce à Orthez lui causait beaucoup de soucis et, espérons-le pour lui et ses mérites, que ce sera bien passé, Mais !...22
It is interesting that Auguste wrote a full explanation to Hélène, as if he was by duty bound to consult with the representatives of Guy's mother, and justify his tolerant attitude. It is interesting that his stepmother Louise was the hardest hit. Visibly these were not old fashioned biggots who would applaud a religious vocation. He shows how far he was willing to go to get Guy to change his mind, and is still not quite resigned to a final exile. Compare with the missionary uncle's prose.
Et puis, il est parti de son plein gré, sous a seule responsabilité. Nous avons fait le sacrifice de l'envoyer une année à Bordeaux, sur les conseils de M. Delage, pour lui ouvrir les yeux, sur la vie mondaine, il en a profité pour ne pas travailler, ses examens s'en sont ressentis, et il a compris qu'il ne s'agissait plus de s'amuser.
Il va avoir là-bas un travail très serré, mais il sera encadré, et il faudra "en mettre un coup" comme on dit vulgairement.
Au bout d'un an, il reviendra en vacances si ça ne lui plait pas, il n'y retournera pas, il fera comme il voudra, pour qu'il reste libre, nous avons payé son voyage, et nous payons sa pension, ce qui fait encore une belle somme, pour nos vieux jours et par les temps qui courent, mais nous voulons qu'il soit libre de faire machine en arrière si cela lui plait. Et qu'il ne puisse accuser personne d'avoir influé sur son avenir.
Personne ne l'a jamais forcé à suivre ce chemin, que nous n'avions pas rêvé pour lui, c'est peut-être une vocation, l'avenir nous le dira. Sa Tante Louise a été très fortement peinée et impressionnée, et il ne faut pas lui en parler car elle se met à pleurer. Quant à moi, j'aurais bien préféré qu'il fasse autre chose, mais cette année d'étudiant a été si décevante, que j'ai eu beaucoup moins de peine, il est entré dans une rude école, il y est entré par son bon vouloir, et comme l’arabe, qu'il va coudoyer toute sa vie, s'il persiste, "c'était écrit".23
This moderate reaction of the family is in keeping with the spirit of the time. It had ceased to be a "business-as-usual" situation to have a son decide to enter orders, especially in educated families. In "Un adolescent d'autrefois" written precisely at the time (1939), this is how one character explains the status of religious faith24: "Nous sommes les derniers à y attacher de l’importance. Vous n’êtes jamais sorti de votre trou, monsieur Alain. Si vous saviez ce que tout ça est inexistant à Paris, à quel point c’est une affaire finie…"
This moderation was even further from another conventional situation analysed by Mauriac, after a bourgeois family learns that their second son wants to become a priest:
" Il ne déplut pas aux Maryan de jeter ce fils disgracié au fond d'un sac noir, au fond d'une soutane, comme un chiot sans race qu'il vaut mieux noyer. Tout l'effort de la famille se concentrait sur l'aîné, en dépit de son 'bête de mariage'25 ".
Finally, Mauriac explored in that same novel another favourite theme of my father's: flesh dominating the spirit, especially in young people. "Lange était trop jeune encore pour pressentir que cette frénésie dans la révolte spirituelle dénonçait la sourde complicité de la chair. Jugulée, méprisée, la chair prenait le masque de l'esprit et lui prêtait de sa terrible exigence". 26 There was no talk of psychoanalysis, still recent in France at the time, but Guy must have been exposed to such ideas during his religious training, and used to delight in finding the expression of the subconscious (in other people's actions, of course).
Guy's time in North Africa
We are extremely well informed about the following two years that Guy spent at the Scolasticat, since he wrote home17 letters and two postcards, mostly to his aunt between October 1940 and April 1942. There were probably about the same number to Orthez, but they have not been preserved. A fair share of the correspondence is devoted to talk about postal parcels of foodstuffs (which are three times cheaper than in France). Guy sent dates, flour and sardines and Brive sent back noodles and other items such as a tennis racket.
In April 1941, he reported on the passage of General Weygand at Thibar, and the results of his trying out his new Arabic to the locals. He had also just sent a copy of the Grands Lacs review edited by his order, to give his family a better idea of what they were doing. The two copies of the review are still in the family library in Carennac.
Guy also reported27 that there were practically no restrictions in North Africa, and he even spent a month on holiday, where the beaches were crowded. The war was not too far off, though. From the seaside property of the Pères Blancs, Gamarth28 on the Carthago hill, they witnessed a naval battle far off at sea. Guy liked the Tunisian scenery, and describes at length the vegetation in detail, commented that there was nothing to match the Dordogne valley.
He spent a lot of effort to learn Arabic and reached quite a good level:
"I am energetically continuing the study of Arabic. Currently, I can follow conversations between older colleagues and the Arabs, without too great difficulty. I speak enough of the language to express myself on nearly any subject related to everyday things, and I can handle any type of purchase. It's fantastic but how difficult ! It will be interesting when I speak the language well. Already the locals ask me if I am Arabic and seem sceptical when I say I am French !"
After one year at Thibar, in October 1941, he was admitted as a novice in Algiers, which marked his official entry into the Society, and allowed him to put on the white habit and wear the rosary. It entitled him, after his death, to have one mass celebrated for him by each priest of the "society". He wrote that at the end of his year of noviciate, he would attend his "youth camp," which was the replacement, after the 1940 armistice, for the military service.29 All young men aged 20 in North Africa had to attend scout-style camp life for six months. The system was later extended to continental France. The Wikipedia article is worth reading.
In November 194130, he was in his second year of "Scholastic Philosophy", and still fully satisfied with his life: "In any case we are very happy here and I am much better off than anywhere I have been up to now." It is at the end of that second year that he can start on his noviciate. After that, he was expected to do his six or eight months in the Camp de Jeunesse and then embark on the four-year Père Blanc course.
In February 1942, he up-scaled his parcels to his family, who were facing growing restrictions. He was ashamed that in North Africa he was not submitted to any such hardship, but enjoyed a "scandalous well-being" instead. This was the time of the exams at the end of the first semester of his second year, and he was looking forward to the summer holidays with the possibility of returning to France. The plan was still, after that, that he would start his first year as a novice, followed by, from November 1943, the 8 months of the Youth Camp.
Gets gets drafted and leaves the Pères Blancs
Napoleon is quoted as having said that to understand a man you must know what the world looked like when he was twenty31. This seems to be true in the case of Guy. He belonged to a nation that had been defeated severely after a very short war, at the hands of a known enemy. The country and specially its army should have been prepared, and indeed had expended a lot of energy and resources, but appeared to have been defeated because of some grave internal failings. 1942, the year he turned 20, was specially a turning point for Guy, when he came to bury the first dreams of his youth, those that had been fulfilled by his enrolment in the Pères Blancs. With conscription, his destiny was going to take a completely new direction.
A few days after the landing of the American forces in North Africa (operation Touch), Guy was called up by the French army, perhaps in the natural administrative process. North Africa was at the time divided into several départements that were not so different administratively from those on the mainland France, and at that time run without German occupation interference. The rulers at the time were the officials of the party of Général Girault.
On 20 November, Guy presented himself to the recruitment centre at Blida in Algeria, like all the other young men of his age living in the region.
Today, Wikipedia says about Blida:" the town, French in character, has well-built modern streets with many arcades, and numbers among its buildings several mosques and churches, extensive barracks and a large military hospital." You would probably still find there military buildings dating from the French period.
Guy's recruitment was not mandated by any military urgency connected to the American landing, but was taking place in the normal course of things. In fact, at that time, the French forces were not sure they wanted to side with the Allies. Guy was not called up for a "military service" as such, which had been abolished after the 1940 defeat, but for the Chantier de Jeunesse, a type of Scout-like, pro-Pétain, substitute32 meant to play its part in the Révolution nationale, a lurch towards more traditional moral values in all walks of society.
This is the time when Guy started to doubt that he had made the right choice in becoming a priest, as he explained later in letters to his family.
At that stage, for more than a year, the family were completely in the dark about what had happened to Guy, not because he was secretive or running from them, but simply because there were all channels of communication had been cut off by the war. The first indications Orthez and Carennac received were very short messages in March 1943 in Orthez, via the Red Cross in Geneva, which Auguste immediately reported to his father-in-law:
Je reçois aujourd'hui un message écrit de la main même de Guy:
Guy Montin à Tipasa, Algérie: "voyage beaucoup, préparation supérieure Bordeaux beaucoup servi"
Cela veut tout de même dire, qu'il est en vie, chez les Pères Blancs, et qu'il est content, non mobilisé (…)
This cryptic message was variously interpreted by his relatives, and it was Hélène who guessed a few days later33 that it meant he had been called up, the "préparation supérieure" being a code for the PMS he did during his University year. This wording was used to avoid alerting the occupation authorities in case he was engaged in military operations against Germany. Hélène even made fun of her brother-in-law Auguste for no longer having a sharp enough brain to understand the hidden meaning, and asked her father to check her reading with his neighbour Général Hilleret (Maud's father).
In November 1943, a second message was received, also via the Red Cross. We know about this from another letter Auguste sent to Baptiste34:
Bien cher Papa
Je suis heureux de vous faire savoir que j'ai reçu hier, par personne interposée, un message de Guy daté du 4 novembre 1943 de Londres, ainsi libellé:
"Sommes tous en bonne santé, Guy est avec nous, répondez par la même voie, signé Gilberte Ormerod, c/o Red Cross postal message, bureau 201, Clarence House, St James's, London SW1.
Ce message n'est évidemment pas de la première fraîcheur, mais il fait plaisir tout de même, et je me demande comment il se trouve à Londres et comment il a connu cette personne. Je m'en vais demain à la Croix Rouge de Genève, à Pau, pour lui répondre car c'est par cette voie que le message est arrivé. (…)
It was confirmed by a radio transmission, and similarly reported to Carennac35:
" Guy vous embrasse bien tendrement tous, ai beaucoup prié pour vous le jour de la St Joseph, voyage beaucoup. Ce message a été capté par mon neveu Fernand.
The family will have to wait until a letter dated September 1943 was received, we do not know exactly when. Because it is very informative, I copy below most of the contents of this letter sent from Zéralda36 (Algiers), summing up his experience after being called up. The text we have was copied by Hélène from the original received in Orthez.
22 novembre – 27 décembre 1942: Chantiers de jeunesse
Vaste fumisterie. Sud de Blida à Camp des Chasseurs dans la fissure de la Chiffa37. Carottes et navets, dans la boue en shorts. Impatience et endurcissement. C'est là que commence le jeu qi dure toujours: "Après demain vous toucherez des armes, pour l'instant allez aux pluches."
Noël assez agréable: je suis Père Blanc, et je jouis de beaucoup de considération mais je commence à penser que le peuple Nord-Africain ne vaut vraiment pas la peine qu'on s'occupe de lui. Je me sens très éloigné de ces gens. Je commence à douter. C'est surtout l'immense fossé entre la loi de l'Eglise sur la chasteté des laïques et les possibilités pratiques de la vie qui me frappe. Qui, ici, n'a provoqué ou ne provoquera l'acte sexuel qu'en mariage seulement dans le but seul de reproduction? Alors, tous damnés? Je reste cependant en relation avec les P.B., garde mon bouc et évite les femmes. Je gagne 1,50 fr par jour.
28 décembre 1942: Blida, j'entre dans l'Aviation. J'assiste pour la première fois au jeu du piston tout puissant et sans pudeur. Habillé le 30 décembre en aviateur: drap bleu, petit béret, imberbe, affreux. Soldat français de l'Air, illusion !
1er janvier 1943: Tipasa38: 1 mois ½ d'instruction.
7 février 1943: je suis reçu 8ème, proposé caporal-chef !! Jamais entendu parler depuis. Souvenir délicieux du pays pour le reste de mes jours, mais sales gens d'un individualisme très algérien. Colons autarciques, genre E. Grandet. J'espace mes relations avec les P.B. et m'attire un sermon du Père Maître. J'en viens progressivement à me considérer un type comme un autre. Pas de femmes cependant. En fin de peloton, je suis accepté comme EAR pilote [Elève aspirant de réserve].
7 février- 15 mars 1943: diverses attentes qui commencent à forger un moi un fatalisme et la patience militaire en m'enlevant mes dernières illusions sur la valeur guerrière de notre organisation et la volonté de combat de notre armée.
15 mars- 15 avril 1943: Blida: Appelé comme planton au Centre d'Accueil des sous-officiers de la place de Blida. Chambre dans une baraque en bois, rien à faire. Je fais la connaissance de Mlle Paule Belinguer chez les Brown: 28 ans, jolie, déçue, très aimable et résignée. Marraine de guerre. J'essaie sur elle ma décision d'être comme les autres. Personne ne me connaît comme P.B. J'ai soigneusement épuré mes papiers. Dans le jardin, auprès de sa chaise longue, je lui fais une cour à la René Boyleve.
15 avril 1943. Départ, je regrette intensément Blida. Bazacki me déçoit. Suivant le jeu, renvoie mes espérances à Casablanca. Abandon officiel des P.B. sans regret (Baraki 8 km de [sigle inconnu Mon Cie]. Rentré à Blida me retrouve seul sur un coin d'Afrique. Sensation légère rappelant un peu le "splendide isolement".
Pâques 1943 Connaissance de la famille Hordelay: protestants très sympathiques, je vais passer 3 dimanches à Blida.
17 – 22 mai 1943: Voyage Baraki – Casablanca, long et d'un désordre très français. A Casablanca: désespoir, claustration, corvées, cours inexistants, fumisterie, pas d'espoir sérieux d'aller un jour en école de pilotage en Angleterre. Découragement désespéré et communicatif. Je me fais mal noter. J'en ai marre ! … Je ne crois plus à la France Combattante, plus du tout. La politique de lutte du général de Gaulle m'écœure. Je me maintiens par inertie. Seule oasis: mes sorties dominicales sur la plage de Casablanca où je me déguise en estivant civil en short et chemisette blancs. Je fais la connaissance de personnes sympathiques mais la claustration m'empêche de garder des relations mettant ma fureur antimilitariste au comble.
28 mai 1943 - Après trois mois d'enfer (tenue bleue sous le soleil) après avoir épluché des tonnes de patates, monté des dizaines de Spitfires, des semaines de garde, mangé des barils de sauce, un heureux concours d'évènements d'autant plus heureux qu'imprévu me fait embarquer le 28 mai en convois américains pour le Canada, via Alger et l'Angleterre. Trois jours de voyage sous un soleil torride. J'apprends mon A. du bord: monotone, informe. Plaine, djebel, plaine, djebel. Au troisième jour, Blida. Les Brown me donnent une lettre pour leurs cousins de Zéralda où je dois attendre le convoi pour l'Angleterre.
1er septembre 1943 - Zéralda. Camp sous les pins, au début urticaire et fringale. Je fais connaissance des Marguier (grâce à la lettre), famille française . Je rentre dans la famille, délicieuse de simplicité et de gentillesse. Je couche en ville tous les soirs dans un lit… J'ai du linge propre. Je fais la connaissance de Mlle Troger, 28 ans, première jeune fille algérienne qui soit dans la ligne de la famille rurale française. Assez belle propriété à Letourneur (Alger), à tel point que je regrette presque Zéralda au moment de partir pour l'Angleterre rêvée. Nous sommes une centaine à partir dont 38 E.A.R. J'emporte les 5.000 fr que m'a donnés M. d'Ortoli. Je dois m'en aller dans quelques heures peut-être. Je suis très heureux.
England and Canada in the RCAF
Again, we are fortunate for the custom Guy had developed since childhood of recording details of his various adventures, the first example of which he gave in 1935. When settled for pilot training in Canada, he took pains to write up his experience and his frame of mind, which help understand his evolution and later development.
After a short card that was all the censorship allowed at the time, security measures were being relaxed, probably before the war was being won by that time, and Guy was able to send two long letters.
The first39 was sent to his parents from his last posting in Canada, North Battleford, where he must have had a lot of spare time. It was received in Orthez more than two months later, and Hélène, luckily for us, took a copy.
Fin octobre – x novembre 1943 -- parti pour l'Angleterre. Je me suis embarqué sur un assez beau bateau hollandais et après 10 jours de zigzags au milieu de l'Atlantique, je suis arrivé à Liverpool. L'Angleterre est une révélation pour moi, venant d'Afrique du Nord. Deux amis principalement Ormerod et Mac Garan. Huit jours à Londres pour examens médicaux, trois mois dans un trou sur la côte N.E. (censuré). 1 mois pour 12 heures de vol d'essai. Ces essais doivent être assez favorables puisque je suis choisi comme pilote. Un mois d'attente à Manchester. J'ai une permission-paradis chez les Ormerod. Mme O. est une parisienne mariée à un Anglais vraiment francophile, très instruit.
Vers mars 1944 (je crois) embarquement pour l'Amérique. Je fais la traversée sur un des plus gros bateaux du monde actuellement. C'est un beau voyage, je suis très impressionné par les lumières de New York, après trois ans de black-out.
(Censuré) Après 5 jours à Montréal, départ pour l'Ouest canadien où sont toutes les écoles. Cowboys et indiens. Cela prend quatre jours en train en sleeping, c'est plus loin que d'Angleterre à New-York. Je passe deux mois dans la prairie à voler sur un délicieux petit avion. Je gagne 100 fr par jour, deux dollars. J'ai une permission de 15 jours à Calgary: nage, canotage, danse, le tout avec des femmes de toute qualité et nationalités. De nouveau envoyé dans la prairie, je n'ai jamais vu de trou pareil à North Battleford où j'attends d'être envoyé dans une S.F.T.S. pour continuer mon entrainement et recevoir mes ailes de pilote de la R.A.F. et le grade d'aspirant de l'Armée de l'Air. Je serai alors renvoyé en Europe, en Australie ou au Japon. Je suis, après 2 ans de guerre longue, élève aspirant de réserve (E.A.R.)
Mon adresse: E.A.R. Guy Montin, French Air Force, 13 SFTS, North Battleford, Saskatchewan, Canada.
This information was confirmed a few weeks later on 16 October 1944, by a card from Saskatoon, Canada to Carennac, giving a summary of the timeline:
Chers tous les deux: Ceci est tout ce que je puis vous écrire pour le moment. Suis en parfaite santé, et ne manque absolument de rien. Je suis élève officier pilote dans la RAF depuis un an et six mois en Angleterre, 6 mois au Canada après un an d'attente en Afrique du Nord. J'ai abandonné la société des Pères Blancs il y a un an de demi. Si vos nouvelles sont bonnes, tout sera, pour moi, au mieux dans le meilleur des mondes. Baisers, Guy
The last war letter from Guy was one written also from North Battleford to his aunt, nearly at the end of his training as a pilot. It is an introspective letter, and gives an interesting account on this reasons for leaving the Pères Blancs:
Pour en revenir à ma vocation, tu n'as aucun reproche à te faire sur sa perte. Toute la faute vient de mon acceptation d'une année de faculté à Bordeaux. Sans les deux ou trois expériences élémentaires et indélébiles que j'y ai faites, j'aurais pu la conserver. J'avais été averti avant d'accepter de courir le risque. J'ai perdu et étais condamné, sans le savoir avant de commencer. Ma première année à Thibar fut une lutte courageuse contre l'instinct aidé du souvenir. J'aurais gagné sans ce diable de souvenir. Vers la fin de la deuxième année j'étais à bout et j'attendais une ouverture honorable et sans trop de douloureuse conséquences pour toi et surtout grand-papa. Le chambardage de la guerre m'a donné cette ouverture et j'ai notifié ma retraite dès que l'armée m'eut pris. Je ne regrette rien de ces deux années qui furent une splendide expérience morale psychologique (quelles délices d'introspection !) et intellectuelle (arabisme et bible, thomisme) et un excellent entrainement physique à mépriser climat et fatigue et instinct si besoin.
He was extremely disappointed with the French population of North Africa, in his view corrupt, and in stark contrast with the beauty of the sceneries. He also explained how he loved England and made rapid progress in English.
Au sortir de cet enfer poussiéreux, l'Angleterre, malgré sa fumée, m'a paru une ile des sept béatitudes. Rejetant mes préjugés sur les barbares du Nord and other college stuff, I started learning English with the eagerness I used to learn Arabic. But the results were, of course, much quicker. It was quite a different kind of a job and a much easier one too ! The only serious trouble was that damned Arabic I couldn't chase out of my mind. For five months, I kept using Arabic words instead of English ones. But for the widening eyes of the poor people I was entertaining with my so-called conversation, I wouldn't even notice it ! Now, the Arabic is all gone, poor old dear, and I start feeling sorry for that.
This was a time when he also started reading English and American authors, but also getting acquainted with American culture via the cinema.
Don't think, after all I told you about my homemade English that I'm the last degree of illiterate. Of course, I threw Shakespeare back to his hell after an heroical but short crack at him. But I read a big lot of John Steinbeck whom I'm just crazy about, to speak American like. Then Somerset Maugham, Conrad Berconici, Ben Hecht, Mark Twain… I don't mention western cowboys stories which read in their actual sceneries, give the same kind of fun as "un drame à la cour d'Orthez" read on top of the Tour Moncade .Besides, I'm observing some American culture by its natural way of expression: the movies. Some American movies aren't absolutely stupid. Some are even spiritual and, anyhow, you get your money's worth of photographs and beautiful girls.
Of this period we also have Guy's RCAF Pilot's flying log book40 which registers all the stages of this training. As there has been some discussion about how pilots were prepared for combat during World War II, often in a very hasty way, resulting in a high mortality rate when faced with the real thing, I will summarize the data contained in the log.
He started training in England at the RAF Son of West Kirby, from 9 October 1943 to 21 November 1943, on a Tiger Moth, equipped with an "Gipsy Major" engine. This is probably the "test" with 12 hours of flight, probably in "dual" (with an instructor).
Then his service sheet (last page of the log book) indicates a passage at the 23 ITW Filey from 22 November 1943 to 11 February 1944, for training on a Cornell, with a Ranger engine, immediately followed by "grading school" (the first course detailed in the log book):
- N°6 EFTS at Sywell: Guy was trained on a DH 83 (D. Harrard, with Pratt-W. engine) from 20 February to 7 March, totalling 12.55 hours, including his first solo flight of 10 minutes. The main"duties" performed were: getting familiar with the cockpit and controls, taxying, climbing, descending, stalling, gliding, taking turns. The taking off and spinning.
Then, prior to embarking for Canada, he waited in Manchester RAF Depot from 10 March to 7 April 1944. In Canada, after service at Depots n°31 a Moncton and 5M at St Hubert, (18 April to 17 May), he was given two courses recorded on the log book:
- n° 31 EFTS at Dewinton (Alberta) from 22 May to 22 July 1944, totalling 98.35 hours, just over half of which were solo, all on a Cornell. The duties now included sideslipping, steep turns, forced landings, instrument flying and finally aerobatics. At the end of the course, his general ability was scored "average".
- n° 13 STFT North Battleford, (Saskatchewan), from 11 November 1944 to 29 March 1945, totalling 237.50 hours on a Harvard. His ability at the completion of the three courses was judged "proficient".
The record of service includes some other dates a short stay at the STFT n°4 in Saskatoon (Saskatchewan) from 6 to 28 October 1944 where he gives his address as "French Air Force" to his family41, a further wait at 31 Depot Moncton where he had started off in Canada (3 to 13 April). The last entry is "4RPC Stormy Down, 23 April 1945, presumably in the UK after the crossing back to Europe.
The 1939-45 war seen from Orthez42
The second world war was certainly, especially for those caught up in its military side, a major life experience. There is not much in Guy's writings about it, though it was a major factor in the buildup of his character and values.
When I was a child, the war was still not too distant in time, and my father of course reflected on it. When summing up his feelings at the end of the hostilities, he would stress that when peace came back, his main feeling was that of relief, relief at having survived. He had not been as exposed as others, but he had crossed the Atlantic twice, at a time when the German submarines were sinking up to half the vessels, and so his life had been at risk.
He also regretted that he had "missed" the war, and that this could explain his wanderings in the 20 following years, from Indochina, to Australia, and then the great return by land, which at another time he explained by the search for his golden days on holiday in Carennac.
And during that time, my grandfather Auguste, who had been a career soldier and had fought the whole of WW1, was living in the strangely divided Orthez: the demarcation line43 ran right through the town until 11 November 1942. It was only possible to cross the line legally by obtaining an identity card (Ausweis) or a free-movement card (Passierschein) from the occupation authorities and that involved many formalities. For many unfortunates like Jewish refugees it became necessary to use the services of "passeurs.44" In those conditions, the black market flourished. But for many, such as Auguste, life continued much as usual, with its array of restrictions, and a unobtrusive German presence. There is not a word, in the few letters Auguste wrote over that period, of complaint directed either at the occupant or at his fellow citizens. In the very last letter he wrote to his son Guy45, then in Canada, he even stated that they had been fortunate in not suffering too much from the war.
[ Not for inclusion. To bring back some of the discussions that went on at that time, I will draw from two novels, "Education Européenne" (1945), and "Les Forêts de la Nuit" (1947).
But first, let us examine the status of these two works, judging from their presence on Wikipedia: though translated into 27 languages and rewarded by the Prix des Critiques, Education Européenne does not have a wiki page of its own in English, though it has a good summary of the plot on the French version. It is the opposite with Forêts de la Nuit (no page in French but a short analysis in English) which is now perceived as a more true-to-life account, and had exposed as a myth the idea that all of France had resisted the Nazi occupant.
My own reading supports that idea. Though different in settings and plotting, they both aim to address the moral issues linked to military defeat and foreign occupation. But Gary gives a more romantic picture of the deeds of the resistors, and even the collaborators become heroic before the close of the novel. The few French characters are all resistors, except for one "Mr. Karl" whose motives are not altogether evil. There are many passages devoted to what a young man would feel about the war, but emphasis is place on its educational value (hence the title), which refers to the experience of killings, rapes and other destructions on a continental scale. Germans are portrayed as normal people, with a moral conscience temporarily blinded. The future is pictured as holding much promise once the forces of darkness will have been defeated and fraternity will unite the peoples. Gary distinguishes patriotism, a love of our co-citizens, from nationalism, which is the hate of others.]
Across Europe, the war can fairly be said to be the most important event in the lives of countless people. In Orthez, it took a special turn with the city divided by the demarcation line between the free and occupied zones.
Orthez-born novelist Jean-Louis Curtis, who was also an agrégé d'anglais, known to Guy, has portrayed the intrigues that shook the little town during that period, with the author specially delighting in depicting, with a light touch, the hypocrisy and small vices of the local bourgeoisie. This source46 is also very useful for our memoir as the novel contains a lot of ideas that were current at the time, in a style and language, and even a sense of humour, quite similar to Guy's, giving us a satirical insight into that period and its problems.
"il songeait au chaos terrifiant qu'était l'Europe et aux efforts désespérés de milliers d'êtres pour essayer de se rejoindre ou simplement de se lancer des appels à travers le chaos. L'immense main de la guerre qui s'était amusée à chambouler toute la surface de l'Europe, balayant les hommes et les femmes le long des méridiens et des parallèles, au hasard, comme un joueur excédé balaie les pièces sur le damier. Pour un Olympien, ce devait être un casse-tête du plus haut comique, assurément. (…) Les Olympiens doivent se tordre, assurément. Tout chamboulé, le chaos originel, le tourisme imprévu sur une grande échelle, toute la machine européenne complètement détraquée, folle, les horaires régis par la probabilité et aussi fantaisistes que les bulletins météorologiques, l'arbitraire roi, et les millions d'humains, dans cette salade, ahuris, abrutis, égarés, résignés, comme une chambrée de bleus dans une caserne française, le premier jour du service. L'adjudant Flick, habité par la démence de Caligula, et ayant droit de vie et de mort sur les bleus." (p.143)
The novel calls up several characters to depict the various social classes and their weaknesses which seem to be drawn from life, and which still strike a bell for me, among whom:
- the pretentious silly aristocrat: Guy actually knew such a family, the Champetier de Ribes, a branch of which was quite successful in Paris, another is still present in the vicinity of Orthez. They did not, however, display the same pretentiousness which is, in the book, a literary device;
- the old bourgeois widow interested mainly in Spiritism: I remember a "Tante Augusta," a relative of Louise, who had her own quirks the rest of the family viewed with affection;
- the Parisian belle finding it difficult to adjust to life in provincial Orthez: we knew such a person, the wife of a shoe-shop owner in the Rue Moncade;
- the crazy servant from the Landes who believes she is nightly visited by Satan, no doubt Aunt Louise had experience that type of housemaid;
- the elegant German commander billeted to one of the best houses of the town (none remembered in the family).
Several difficult themes are handled with sensitivity, without wasting any occasion of using their comic potential:
- the German commander whose society is sought by all the best local families, sparking discussions, behind his back, about the collaboration;
- the importance of food in that provincial town, at at time of great restrictions in other parts of the country:
"Située aux frontières du Béarn et du Pays Basque, dans une plaine riante et fertile, Saint-Clar avait été célèbre avant 39 pour ses foies gras et ses jambons dits "de Bayonne". Malgré la pompe aspirante de l'occupation, cette plantureuse Arcadie n'avait pas épuisé ses ressources."
Curtis's book is excellent in portraying the moral dilemmas faced by the local population, and the ambiguity of both Résistant and Vichy partisans. The novel contains several conversation discussing the moral dilemmas. We have to understand that after the heavy casualties of WW1, now often seen as useless, there was a good deal of cynicism around, and the question could now be asked (when it could not be in 1914) about the futility of sacrifice.
The first question that arose was whether people had a duty to resist, in spite of the dangers involved. One character (Gérard) concludes, after much soul-searching, "Il y a peut-être, malgré tout, des causes qui valent la peine qu'on meure pour elles, en manière de timide suggestion. (…) Je connais au moins un homme qui est prêt à mourir, s'il le faut, pour une certaine cause (…) et je ne crois pas que cet homme soit une dupe ou un imbécile.
His interlocutor, a young cynical bourgeois, answers in a manner where I recognise the cynical side of the author Curtis, which would have held some attraction for Guy:
"Alors, c'est qu'il ne croit pas véritablement à cette cause. Il doit y avoir chez lui un simple excès de vie, ou encore un goût profond de la fraternité, ou bien l'amour du combat, du risque. Comme chez les aventuriers de Malraux, si tu veux…(…) C'est très peu dans ma ligne mais il m'arrive parfois, exceptionnellement, de comprendre la fraternité… Je suppose que c'est un sentiment plus qu'à demi physiologique; quelque chose comme l'euphorie qui suit un bon repas. (…)
En somme, dit Gérard, tu ne crois pas en la valeur objective d'une cause quelconque?"
The author is visibly settling some scores now that peace has returned thanks to the Allied intervention, and he denounces those who will enjoy the benefits of the restored social order that they will have done nothing to support when it was in danger. The final word is far from vindictive, with one of the heroes choosing to act for freedom, in spite of the risks: "même si je ne suis pas sûr que les fins poursuivies soient parfaitement justes, je ferai quelque chose pour hâter l'avènement de ces fins. (…) Il y a une grâce dans l'acte de servir. Il y a une vertu dans le sacrifice." (p. 339)
By the end of the war, a major change had over-run the town and its inhabitants, which would somehow have a lasting influence on Guy's outlook on life: "Et cette minuscule Arcadie assoupie depuis des siècles le long du Gave ne sortirait pas intacte de la guerre. Déjà des changements étaient perceptibles. En quatre ans, la ville avait évolué plus vite qu'au cours des quatre derniers lustres. Elle était enfin mêlée directement à l'histoire universelle. Des étrangers sans nombre la traversaient, (…) la radio, le cinéma (la) faisaient palpiter au rythme du monde. Désormais elle ne pourrait plus se replier sur elle-même, son destin était lié à celui de la planète entière, et elle en avait obscurément conscience. L'extérieur, avec toutes ses nouveautés et toutes ses folies, déferlait sur la ville. On voyageait beaucoup. La notion de 'province' était périmée." (p. 306)
Curtis also describes the hidden drama that the German occupation had temporarily buried under its artificial rule based on terror. Confusion, moral and material chaos had supervened, and elementary, instinctive forces hitherto hidden had surfaced, cracking the varnish of social conventions. Everyone would be shown up for exactly what they were. "dans le chaos obscur de ces années, chacun devait rencontrer face à face sa propre vérité fulgurante, et se mesurer à elle." (p.308)
The "liberation" of Orthez by the Résistant forces (an absurd claim since the Germans left without firing a gun), in late August 1944, offers some unforgettable tableaux, and again faces the population with its own contradictions. "Ils étaient tous là, au grand complet, les petits profiteurs honnêtes de la guerre; ils étaient là, hilares, rutilants de graisse et d'âpreté, les paysans des environs, ceux qui avaient exploité avec science et discernement la mine d'or allemande."
Auguste did not seem to be very involved in all those events. These were the last years of his life, and he was gravely ill several times. In his letter to his son47, he only says about it: "Nous avons été très heureux, les boches ont quitté Orthez une nuit sans casser une vitre, mais quelle joie d'en être débarrassés, pendant huit jours les drapeaux sont restés au fenêtres et personne n'a travaillé."
In Curtis's novel, to assuage their feeling of guilt and shame, the people took it out on the few women who had slept (or been suspected of consorting) with the foreign soldiers, by organising public ceremonies in which they were shorn, their hair roughly cut of, and then paraded through the town. Those who had never done anything against the enemy were now self-appointed judges meting out punishments to weaker victims. This is known to have occurred in most French cities48. Curtis draws a parallel between those events and the atrocities committed by the Nazis in Eastern Europe against the Jews. The feelings of the character closest to the author are intense shame: "J'ai honte, j'ai honte devant tous ceux qui sont morts pour sauver ces larves." It seems as though the world had suddenly regressed, and the dawn of a new era had ushered in a medieval twilight.
But the author closes his grim description of post-war Orthez on a note of hope, with the notion that perhaps the idea of nation, which had played a major part in firing up the war, was now totally discredited and defunct, and that new wider transcendent ideas, more practical, more generous, would emerge.
We know that Guy paid a brief visit to Orthez in November 1945, as soon as he got back to France. He saw Hélène, who had made the trip specially to meet him, and was apparently unsuccessfully in trying to get him to come back to civilian life and seek a proper "situation" for himself. He may have just had time to get a whiff of what had been going on in his home town, and deciding he did not want to have any part in it from then on. He once told me of a meeting with the mother of one of his contemporaries killed in operation, and of her hidden hatred at the injustice of destiny he had guessed she harboured. This anecdote struck at the time and I have not forgotten.
I have dwelt at length on that period because it may have had some importance in the following years. This is the Orthez to which Guy did not wish to return, that perhaps he guessed in November 1945, and would take all steps to avoid. Even when finally, disappointed with Australia, he brought his family home there, and the wounds of the war had mainly healed in Orthez, he was never fully at ease there. He did not discuss the reasons for such a position, and did not broach any of the dilemmas I have described above, which were already been forgotten.
A short spell in Paris wondering what to do next
In November 194549, Guy was repatriated by the authorities to France, to await further instructions. He was not demobilised, and without such a release, remained a junior officer in the French Air Force. He was however given a few days leave. He took a short trip to Orthez, where Hélène came to meet him, the first time they saw each other since 1940, and stayed a week in Argelès with his step mother Louise.
While the ministry decided what to do with his class of servicemen, he had a happy time in Paris, a guest at several homes of family friends, chasing the young Parisian ladies, as he candidly explains to his confidante, his aunt Hélène.
He wrote to his confidante, his aunt50 Hélène, giving her, and us, a crucial indication about of his frame of mind at the time, where it is clear he was not contemplating a return to the fold:
Suis encore à Paris, pour un certain nombre de jours. J'éprouve pour le retour à la terre l'appréhension et l'instinctif recul du croissant pour le café-crème. Je me demande même si, pris d'un beau désespoir, je ne vais pas reprendre le large. Ne va pas, cependant, t'émouvoir outre mesure. Pourtant, je ne me vois pas du tout bouquinant du droit avec l'exaltante perspective d'un avenir de notaire. Brr. Tu sais, je suppose que si je reste si longtemps à Paris, ce n'est pas uniquement pour jouir plus longtemps des charmes de Gisèle ou du métro, mais parce que j'attends du ministre de l'Air veuille bien accoucher l'une de ses nombreuses dactylographes d'une note concernant les conditions de mise en activité des aspirants de réserve.
There is not quite enough in the letters to do justice to Guy's rejection of the bourgeois world which was waiting to reclaim him, and which he rejects with horror in that passage. To supplement the analysis, I am borrowing from Mauriac, who handled this theme of the young bourgeois revolting against his priviledged prospects: In Les Chemins de la Mer, the main character, Pierre, reflects on his choices, toe the line and become a bourgeois, or, for moral reasons, side with the working class. There is even an inkling of Guy's attitude towards the political system in general:
« Sa conscience savait ce qu’il aurait dû accomplir : apprendre un métier manuel, entrer en apprentissage. Il lui était interdit de se persuader que c’était utopique et irréalisable : un garçon américain qu’il connaissait, avait renoncé à sa très riche famille, et travaillait à l’usine, maintenant. ‘Et je n’ai pas le droit, songeait Pierrot, même s’ils étaient fondés en raison, d’avoir recours aux arguments tels : le premier devoir est d’utiliser au mieux nos dons naturels’, ou encore : ‘ je peux rendre de plus grands services à la classe ouvrière, en demeurant moi-même.’ Il m’est interdit des arguments de tels arguments, même s’ils sont justes, puisque ce n’est pas eux que je cède, mais à mes habitudes d’esprit, à mon goût du confort (dans la mesure où il me permet et favorise l’exercice de la pensée), à mon esprit d’indépendance’ […] Un seul devoir, se répétait-il, une seule obligation : frayer à travers lui une route à cette montée obscure du chant souterrain […] Cela n’empêche pas d’être du côté des pauvres… Pensée idiote : il n’existe pas de ‘côté des pauvres’, mais deux méthodes pour exploiter les pauvres, à droite et à gauche. Devenir soi-même un exploité pour être sûr de ne pas prendre rang parmi les exploiteurs ? Au-dessus de ses forces… Reste, pour ceux qui ont la foi, de revêtir la soutane, ou une robe blanche ou brune… Existe-t-il un seul Ordre qui soit mendiant, à la lettre ? Que signifie le vœu de pauvreté individuel, si l’on s’agrège à une collectivité puissante ?"51
In January 1946, Hélène visited him in Paris and, as his only living blood relative, tried to exert some influence over him to make plans for the future. She was completely unsuccessful. Guy would later explain that he had had the impression of "missing" the war, and that is why he welcomed the appointment to Indochina, which came as a coup de théâtre. In the meantime, he refused to explain anything, and we will have to wait until he is in Australia to be given some explanations about this unexpected exile:
Ça y est, je quitte enfin la Babylone moderne qui t'inspirait tant de craintes pour mon salut temporel et spirituel. Je ne vais pas à Cazeaux52, mais à Orange53, patrie de Daladier. Arc du premier siècle a. JC, 11090 habitants d'après le Larousse de Lucienne.
Ne te tourmentes pas en conjectures, tu tomberais sûrement à côté, je ne puis encore te dire ce qui motive mon départ pour Orange. Si cela peut te rassurer il n'y a pas de locaux disciplinaires ni de prison à Orange.
Cela n'empêche que ce départ pour Orange est un coup de théâtre "c'est le cas de le dire": théâtre du IIème siècle très bien conservé) qui pourrait en préparer un autre, tout à fait dans le genre de mes coups habituels.54
Strangely, he did not mention in this letter that this departure may be for a much farther destination, which will turn out to be Saigon. In later years, the move would be presented as "volunteering against Japan" in newspaper articles that did not check the chronology. From Orange, Guy reported to his aunt Louise, (we have the copy she made out for Hélène), this new military experience, tiring but healthy, where he had a much more gratifying position as a junior officer than in his previous experiences in North Africa. He is the head of the 16th section of the Far-East Detachment, leading four non-commissioned officers and 29 men, "at least until Saigon". Though he should be pleased that as an aspirant, he is well above the fray, and entitled officer privileges such as sleeping in town (at the Hotel Royal Astoria55), he makes gentle fun of the mechanical side of military life and does not take himself seriously personally in this new persona. The main activity of his section seems to be the verification of the colonial clothes, equipment and undergoing vaccinations.
Nous devons partir le 22 et je n'ai pas eu un moment pour aller à Orthez. Nous aurons les autres piqures sur le bateau: Marseille, Port-Said, Djibouti, Trimcomali, Colombo, Singapour, Saigon. On nous donne de l'argent anglais pour les escales. Les fellow-officiers sont assez sympathiques. Très peu de pilotes: 20 officiers en tout pour 700 hommes. Grün et moi tranchons par notre élégance et notre réserve que le commandant qualifie de britannique.
He finally sails on 4 March 1946 from Marseilles, for a 21 day passage, via Suez, Djibouti, Colombo and Singapore, on what was a rather new and comfortable boat (perhaps compared with those in which he had crossed the Atlantic). It is not sure he had warned Hélène before his last minute short note56, perhaps because he thought she may try a last attempt to stop him.
Again, as there are insufficient explanations, I will draw from a purple passage from Mauriac some indication, in heavily novelised form, about the thought processes of a young bourgeois just before he enlists in the army:57
"Mammon ne serait qu’un médiocre monstre s’il n’était au service d’un autre plus puissant. A quoi bon parler de réformes, de révolutions ? Tout échouera toujours : la faim et la soif de justice se heurtent à une autre soif, à une autre faim, à cet appétit abominable (…) L’enfer éternel commence ici-bas, dès leur naissance pour ceux que les théologiens damnent, et dès avant leur naissance. Le chemin que l’enfant-poète avait suivi débouchait tout à coup sur la destinée de Landin, sur cette mer Morte.
(…) Pierre découvrait à la fois cette puissance irrésistible de tout le créé sur son être, et sa propre impuissance à s’y conformer sans désespoir. Les autres, autour de lui, suivaient leur loi et il n’existait rien de tragique pour eux dans l’assouvissement. La sensation de la chute leur était épargnée, l’excès de leurs délices ne les dégradait pas. Mais lui, il se sentait couler. Aucun raisonnement ne prévalait contre cette certitude que sa joie tendait à la mort… Il ne pouvait supporter de vivre, et pourtant il n’était pas question de mourir. La joie d’être vivant l’étouffait… Mais il avait peur de ce qui est au-delà de la mort. Il croyait à tout ce qu’on lui avait fait croire. Les autres s’en étaient déchargés d’un mouvement d’épaules, mais la moindre graine avait germé en lui…. La mort au monde n’en faisait pas moins horreur à cet adolescent païen. Il avait toujours fui les prêtres, bien qu’il les aimât. Il redoutait ces rabatteurs de Dieu et leurs filets où se prennent les belles âmes… Vinrent les jours où il lut par hasard un livre récemment paru58, du petit-fils de Renan, Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc, de Péguy.
Au déclin, nous avons peine à croire que notre destinée ait pu être infléchie par un livre. Cela est vrai pourtant, d’une vérité quotidienne. Pierre se persuada qu’il recevait du dehors cette croix et cette épée confondues, alors qu’il les portait en lui à son insu, comme presque tous les garçons de son temps et de sa race : il n’eut pas à creuser beaucoup…
Il allait au plus simple. A cet âge, il est enivrant de résoudre les conflits de la vie avec une signature. Il signait et c’était fini, - fini de Paris, de sa maîtresse, de cette existence, fini de sa famille (il partirait sans dire adieu à personne, pas même à sa mère). Il signait, et rien ne dépendait plus que des autres et que de l’Autre – de Celui qui l’avait poussé au hasard, une nuit, dans le promenoir de l’Olympia, qui ne l’avait pas sans dessein posté au dernier tournant sur la route de ce condamné à mort. [il s’agit de la dernière rencontre avec Landin]. […] Quelle paix de se dire qu’il n’avait plus qu’à se laisser faire ! Oui, jusqu’à la fin de l’épreuve… jusqu’à ce printemps de 1915 où il aurait 23 ans et où, libéré, il détiendrait enfin, croyait-il, l’ayant chèrement acheté, le secret de la joie en ce monde.
French Indochina59
Guy lived in French Indochina, now Viet-Nam, from March 1946 to November 1948. More precisely, he was based in Saigon, the capital in the south, which is now Ho Chi Minh ville. In later years, he would not speak very much of this time, which had not been very pleasant, since more of his illusions had been shattered. He did read the books by Jean Hougron60, who in those days was a famous writer specialised on French Indochina, after trying to make a living there. Guy embarked with some visions of an ideal colony summarized in the concept of "Rêve d'Asie"61, which sounds like the name of a Chinese restaurant but was at that time a well-worn concept. The words were chosen recently for an anthology of that literary genre.62
The words "rêve d'Asie" already feature in a poem by V. Hugo63: "Devant le sombre hiver de Paris qui bourdonne,/ Ton soleil d'Orient s'éclipse et t'abandonne./ Ton beau rêve d'Asie avorte, et tu ne vois/ Sous tes yeux que la rue au bruit accoutumée,/Brouillard à ta fenêtre et longs flots de fumée/ Qui baignent en fuyant l'angle noirci des toits." This was a famous poem, judging by the number of times it was published or quoted in the press, and could be opposed to "intelligence d'Europe." In the thirties, it summed up the discovery that the Orient too had a long history and civilisation that could teach us westerners much philosophy and art of living. There is no doubt that appealed to Guy, especially after his disappointment with the Arab world.
During that time, Guy held three jobs, aerial controller at the national airport, then commercial investigator at the US consulate, and finally at Landis Brothers. But on the whole, he would conclude that "he had had a rather rotten time there.64"
He never mentioned, as far as I can remember, any military activities, though there was already some opposition to the French presence.
When he set foot on land in Saigon, Guy was appointed as air traffic controller on the military airport of Tan Son Nhat65, which became famous later during the Viet-Nam war, and is still the site of the Ho Chi Minh international airport, renovated in 2010.
There is little information about the 18 months. I remember my father speaking about having been struck by the utter misery of the living conditions of the Annamite population, how he could never have lived like them.
Pendant près d'un an et demi, j'avais travaillé comme contrôleur d'aérodrome sur la base de Tan Son Phut, à quelques kilomètres de Saïgon. J'étais toujours militaire et n'avais pas beaucoup de liberté ni d'argent. Je dirais même que nous vivions comme des cochons alors qu'avec un peu d'organisation cela aurait pu n'être pas trop mal. Le principal était pour moi de garder ma pratique de l'anglais et j'ai réussi à rester constamment en contact avec les Anglais qui occupaient le terrain depuis qu'ils avaient libéré l'Indochine des Japonais. Au fur et à mesure que les Français arrivaient et remplaçaient les Anglais, la pagaille s'installait au point de devenir intenable aux environs du mois de juin 1947 au départ total de la RAF. C'est alors que les relations anglaises et américaines que je m'étais faites m'ont permis de rencontrer quelques membres du Consulat des E.U. et de me faire démobiliser en moins de 20 jours, ce qui est un record pour l'époque.
Two documents summarize that time. The first is the grant of the "médaille coloniale" by decision dated 28 May 1947.
More informative is the "fiche de demobilisation" dated 8 September 1947, which gives his address as Villa des Bergeronnettes, Rue De Gaule prolongée, Saïgon, Cochinchine. The last unit he belonged to was "BP 191 (et CAA 217)". His grade: aspirant; his speciality: pilot. He had been in the forces for 4 years and 9 months.
He does look like the Air Force did not like him too much. No promotion to lieutenant in two years, and no operational responsibility.
His dream of Asia was already dead, and he particularly disliked the French expatriate/colonial milieu which must have reproduced the class distinctions of the metropolis, as we see in all the films about that period.
His next job was as commercial investigator at the United States consulate in Saigon, which he held from 9 July 1947 to 2 August 1948. Here is how he describes it for his aunt:
J'étais engagé comme "commercial investigator" (enquêteur économique) un travail extrêmement intéressant qui consiste principalement à faire des enquêtes sur toutes les activités économiques du pays, visiter les usines et les directeurs et écrire des rapports en anglais pour le Département du Commerce de Washington. Je suis entré au Consulat sous la condition que mon travail n'aurait jamais un caractère politique et la condition a toujours été respectée de part et d'autre quoiqu'il ait fallu longtemps pour persuader certains services français qu'il en était ainsi, raison pour laquelle je me suis complètement renfermé sur moi-même pendant cette période. Maintenant je crois que tout est clair…
Pour le moment tout va très bien. Mon mois est très coquet: 59.500 fr au lieu de 22.000 il y a un an dans l'armée de l'air. La vie est ici beaucoup plus chère qu'en France, j'arrive quand même à économiser 25.000 fr par mois. Je crois que la raison pour laquelle certains se sont intéressés à moi quand je suis entré au consulat était surtout la jalousie des petits copains. La plupart sont maintenant rentrés en France. Je serai moi-même devenu fou si j'avais dû rester un mois de plus à Tan So Phut. J'habite à 150 m du consulat, je suis pour ainsi dire adopté par une famille.
It is a pity that we do not know why Guy left this job, which was a permanent, full-time position, where according to the end-of-contract certificate, he performed very well: "worked diligently and well to the complete satisfaction of his supervisors. He is now leaving this position entirely at his own volition66" It may be because he discovered that the job would not get him an immigration visa to the U.S. within a reasonable timeframe, or because the next job paid more.
At Landis Brothers (according to his calling card), he must have been involved in trading activities.
Quand je suis parti de Saïgon, j'étais depuis trois mois dans une maison américaine dont le directeur américain m'avait engagé à cause de mes bonnes notes au consulat pour la somme de 6.000 piastres par mois, soit 102.000 fr. Ce n'était pas mal, mais le directeur local qui ne gagnait que 1000 piastres de plus que moi, qui ne parlait pas anglais et il avait peur que je ne lui prenne la place dans quelque temps a fait tout ce qu'il a pu pour m'empêcher de me mettre au courant des affaires de la maison. Comme j'étais très fatigué par le climat et que j'aurais dû rester 3 ou 4 ans avant de pouvoir aller en Amérique, j'ai décidé de quitter tout de suite l'Indochine et l'aller recommencer dans un pays sans dévaluation continuelle et sans marché noir ni fricotage qui fait le fond du commerce indochinois.
Guy had now been for three years in an uncongenial, and at times dangerous country, without finding anything to keep him there. Years later, he told a journalist in Dehli67 that "he was beginning to get disgusted with things", unfortunately no details given. All in all, it was time to move on. This is how he told the story of his new departure.
j'ai donc réussi enfin à quitter cette malheureuse Indochine et, avec elle, l'Empire français. Ça n'a pas été sans mal, car il est presque aussi difficile de s'en aller d'Indochine que du cimetière quand on y est enterré. D'abord, il faut des tas d'autorisations pour aller en dehors du fameux empire et il m'a fallu tout l'appui de mes relations pour m'en dépêtrer. Ensuite la question d'argent: chaque fois que j'étais prêt, une de ces maudites dévaluations venait tout flanquer en l'air et il fallait recommencer à économiser de l'argent. Je puis dire que j'ai eu de la chance malgré tout puisque j'ai réussi à terminer mes transferts juste le matin même de la dévaluation du 17 octobre.
He was granted a three-month visa for New Zealand on 14 October 1948, with transit by Australia. The French administration allowed him to take out of Indochina two cheques for respectively 20 Australian pounds and 23,700 CFP francs. He left Saigon on 20 October 1948.
Our friend Maud was appointed to Saigon as an English teacher.
Having had the opportunity of visiting Hanoi, I could realise that much time had passed, and there were no signs left from the French colonial days. The country, now on the path to economic growth, was still very poor. Unfortunately, I could not travel to Saigon.
On his way to Australia, Guy was able to stop for five days in New Caledonia, and visit the island, where again the local French community did not rise to his expectations. That is where, according to family tradition, he bought his first typewriter, an Hermes, which would follow us forever, and on which Guy would write his correspondence and later his book.
J'ai passé cinq jours à Nouméa où la vie est beaucoup moins chère qu'à Saigon. J'ai visité toute la partie sud de l'ile en compagnie de touristes australiens venus s'installer en Nouvelle Calédonie pour passer leur retraite. Le pays est très beau et très sain mais il est très difficile d'y trouver quelque chose à faire parce que les vieilles familles français empêchent tout développement du pays pour pouvoir conserver leurs avantages. Le pays sera tôt ou tard absorbé par les Américains. C'est d'ailleurs ce que les jeunes veulent.
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