Neurochirurgie
L'utilisation relativement récente des dispositifs de télécommunication mobile en neurochirurgie (Fig. 3) est le résultat des efforts du professeur K. Ganapathy, ex-Président de la Neurological Society of India et actuel Président de l'Apollo Telemedicine Networking Foundation, Inde (Ganapathy, 2007 a). Outre les consultations à distance (examens cliniques de pseudo-crises, de mouvements involontaires, de maladie de Parkinson, de myopathie, etc.), plusieurs traumatisés crâniens graves ont déjà été traités par des chirurgiens généralistes locaux, qui ont par exemple évacué un hématome sous-dural aigu et excisé des embarrures ouvertes du crâne, et ce en toute confiance grâce à la téléconsultation neurochirurgicale vidéo en ligne. A noter également qu'un médecin de famille a réussi à opérer, avec l'aide d'un système de santé mobile et sous le contrôle d'un expert hautement qualifié, des patients chez qui l'on avait diagnostiqué un tuberculome intracrânien et une cysticercose du cerveau (Ganapathy, 2007). Ces échanges à distance représentent une aide considérable pour les spécialistes médicaux locaux et les membres de la famille. En outre, la consultation à distance s'est révélée particulièrement utile dans le suivi de patients déjà traités.
Figure 3: La neurochirurgie en tout lieu et à tout moment!
Source: Ganapathy (2007)
Les téléphones portables font partie des dispositifs les plus utilisés en santé mobile.
Outre les consultations, la prise de rendez-vous pour les consultations et les examens physiques, l'échange de consultations et de données, les systèmes d'alerte en matière de vaccination, etc., il convient de mentionner la mise en œuvre des services de messages courts (SMS) pour la prise en charge des maladies chroniques. Cette nouvelle application est particulièrement utile en psychiatrie, en neurologie et en psychologie. En effet, la plupart des troubles mentaux et comportementaux présentent un risque considérable de récidive après rétablissement. De fait, après une hospitalisation, la plupart des patients ne recontactent jamais l'hôpital en cas de besoin. Le GSM et l'Internet offrent une méthode simple et facile à utiliser pour accompagner ces patients dans leur retour à la vie normale.
Le Centre de recherche en psychothérapie de Stuttgart, Allemagne, a mis au point une stratégie fondée sur les SMS, qui a donné de bons résultats pour le post-traitement de patients souffrant de boulimie nerveuse. Selon le protocole, les patients envoient des messages hebdomadaires décrivant leurs symptômes boulimiques et reçoivent un feed-back qui associe des éléments préprogrammés et des informations personnalisées. Les résultats montrent que le programme est techniquement faisable et bien accepté par ce type de patients et qu'il les aide à se réadapter à la vie normale après leur hospitalisation (Bauer et al., 2004).
Autre réussite, le projet «On Cue» 2002, mené en République sudafricaine, qui consiste à envoyer aux patients souffrant de tuberculose des SMS de rappel pour s'assurer qu'ils prennent correctement leur traitement. Les SMS sont envoyés toutes les demi-heures dans un intervalle de temps prédéfini. Depuis janvier 2003, la ville de Cape Town utilise ce système, qui ne lui coûte que 16 USD par patient et par an. Dans ce projet pilote, seul un patient sur 138 n'a pas respecté la prescription médicale, soit 99,3% de taux d'adhésion au traitement! Ce dispositif vaut donc la peine d'être tenté.
Les MMS sont également utilisés. Un exemple mérite qu'on s'y attarde: celui de la Suède, qui a mis en œuvre un projet de consultation anonyme et gratuit en dermatologie, disponible 24 heures sur 24. Lancé en 2008, ce projet permet aux personnes souhaitant consulter un dermatologue d'envoyer à un numéro fixe une photo présentant des évolutions cutanées, accompagnées d'un court texte. Les résultats montrent que, dans 77% des cas environ, il est possible de faire un diagnostic à distance sous 24 heures (Börve et Molina-Martinez, 2009).
Les personnes qui s'intéressent particulièrement à ce sujet pourront se reporter au rapport de la Fondation pour les Nations Unies et de la Fondation Vodafone intitulé mHealth for Development: The Opportunity of Mobile Technology for Healthcare in the Developing World (La santé mobile au service du développement: avantage des technologies mobiles au service des soins de santé dans le monde en développement). La brève compilation des projets de santé mobile est l'un des éléments les plus intéressants de ce rapport. On y trouve également, outre de brillantes idées, les coordonnées de différents organismes. Conclusion: ne perdons pas notre temps à redécouvrir la roue, mais utilisons l'expérience des précurseurs!
m-Nursing ou télénursing
Mentionnons pour terminer une autre application de la santé mobile: le «télénursing». Ce terme désigne l'application de la santé mobile aux prestations de soins infirmiers professionnels, pratique qui existe depuis une dizaine d'années (Schlachta-Fairchild, 2008). Compte tenu de son impact, il a été possible de mettre au point divers types de dispositifs mobiles destinés à la surveillance médicale ambulatoire ou à domicile. Les Etats-Unis fournissent un bon exemple de mise en œuvre du télénursing. Bien que la plupart des prestations de santé y soient remboursées «par visite» et que, par conséquent, les soins à distance ne soient pas généralisés, on observe une augmentation de 600% du télénursing en moins de cinq ans. On estime que le télénursing devrait se développer encore plus rapidement dans le reste du monde, notamment dans les pays qui encouragent les soins à distance par une incitation financière. De plus, compte tenu de la nécessité impérieuse de dispenser le meilleur soin au moindre coût, les applications de télénursing sont, de toute évidence, amenées à se développer dans les années à venir.
L'enquête internationale sur le télénursing, menée en 2004-2005, apporte un complément d'information. Les objectifs de cette enquête étaient de recenser les lieux où le télénursing s'est développé, de mesurer le taux d'acceptation de cette pratique et de déterminer si elle est efficace et si le personnel infirmier à distance est satisfait de son travail. Les résultats de l'enquête, menée dans 39 pays, révèlent que les emplois de «télénurse», ou infirmiers à distance, sont classiquement occupés par des femmes blanches, mariées, qui ont des enfants et exercent ce métier à temps plein. Les télénurses subissent moins de stress lié à leur fonction et souffrent moins de l'ambiguïté et du conflit des rôles que la moyenne. En outre, ils sont tout aussi satisfaits de leur travail que les infirmiers en poste dans les hôpitaux. A noter que les facteurs de satisfaction les plus importants sont l'autonomie et l'interaction. Les télénurses apprécient de travailler dans un environnement moins exigeant sur le plan physique et sont convaincus d'être plus attentifs à leurs patients et de mieux gérer l'attention qu'ils portent à ces derniers, d'obtenir de meilleurs résultats, de contribuer à la diminution des hospitalisations, de gagner du temps, etc. 59% des télénurses déclarent être plus satisfaits de leur poste de télénursing que de leur travail antérieur en tant qu'infirmiers «classiques" (Schlachta-Fairchild et al., 2008; Gundim, Padilha, 2008; Castelli et al., 2008).
La santé mobile est devenue incontournable. Elle progresse de plus en plus et est acceptée par la population et par les professionnels de la médecine. Le fait que les prestations de soins à distance peuvent renforcer l'autonomie, faire évoluer les comportements sanitaires et améliorer l'état de patients souffrant de plusieurs affections de longue durée n'est plus à prouver (McNeil et al., 2008).
La santé mobile est déjà une nécessité et un défi extraordinaire pour l'avenir, mais elle exige la coopération et la coordination à tous les niveaux, le travail en réseau, la planification et la volonté de tirer des enseignements d'autrui pour ne pas s'évertuer à réinventer la roue. L'enjeu principal est de veiller à ce que les possibilités qui s'offrent sont prises en compte de façon optimale et coordonnée pour garantir que les effets souhaités se produisent et que les ressources déployées servent effectivement à satisfaire les besoins essentiels de la population.
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