8.3.6Un volet incontournable de tout plan d'action efficace : la formation des acteurs
Nous ne parlons pas ici de la formation initiale de tous ceux qui seront les acteurs de demain dans les entreprises mais c'est bien évidemment un point essentiel
8.3.6.1Une priorité : former le patron, ou mieux, l'équipe dirigeante
Comme nous l'avons vu plus haut, le premier objectif est de former au moins un des cadres dirigeants de la PME et si possible le patron lui-même afin de lui donner les moyens
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d'apprécier les potentialités qu'offre Internet pour le développement de son entreprise
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de décider des projets à entreprendre
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d'en maîtriser la conduite (l'exécution proprement dite étant en général confiée à une société de services, voire à un stagiaire)
Les projets Internet véritablement stratégiques pour l'entreprise ne peuvent en effet être conçus que par un cadre maîtrisant bien cette stratégie (bien souvent ce ne peut être que le patron), et ayant la connaissance des potentialités d'Internet,
…et non par un spécialiste d'Internet n'ayant qu'une connaissance superficielle de l'entreprise, de ses métiers et de ses clients.
Des formations courtes (1 à 3 jours) analogues à celles organisées par l'UIMM dans les domaines de l'environnement et de la qualité devraient être rapidement mises en place
Le gouvernement de Wallonnie, en liaison avec les partenaires sociaux et les établissements d'enseignement supérieur, a mis en place des organismes de formation (associations Technofutur3 de Charleroi www.technofutur3.be et Technifutur de Liège www.technifutur.be ) dont une des actions les plus interessantes sont des séminaires de 2 à 3 jours pour les équipes de direction avec comme objectif tout à la fois de les former sur l'utilisation des outils Internet et de les faire travailler sur les opportunités que cela peut représenter pour elles
M. de Calan nous a indiqué que l'UIMM était prête à aller de l'avant: le problème comme toujours étant de convaincre les patrons de PME qu'il s'agit d'une véritable priorité: dans le domaine ) de l'environnement et de la qualité il était possible de s'appuyer sur des "prescripteurs influents (les acheteurs et la police technique). Dans le cas présent il conviendra de pouvoir s'appuyer sur les donneurs d'ordre pour motiver les entreprises de la mécanique
Dans les Alpes-Maritimes le Gimeca (groupement des industries mécaniques et électroniques de la Côte d'Azur) a lancé l'opération met@l-06.net, www.imet.asso.fr/metal06net.htm. Elle prévoit une phase de diagnostic des besoins de l'entreprise (métallurgie, chaudronnerie, mécanique...), puis un accompagnement personnalisé afin de mettre en oeuvre un projet d'utilisation des NTIC au service de son activité.
Un tel programme de formation doit se donner 2 objectifs et respecter une contrainte :
Objectif 1 : faire découvrir les principales fonctionnalités d'Internet
Objectif 2 : montrer les usages possibles pour une PME susceptibles de concourir directement à sa compétitivité ou à son développement
Contrainte : être très court (de l'ordre de 3 demi-journées de 5 h).
La présentation doit démythifier et donc être extrêmement concrète : chacun doit disposer d'un micro-ordinateur et découvrir les différentes fonctionnalités, avec ses potentialités comme ses limites à partir d'exemples concrets , au cours d'une visite guidée à travers le réseau et de démonstrations simulées pour la partie essentielle (le back office) qui n'est pas visible depuis le Web.
Quelques créneaux devront être réservés pour :
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dire deux mots sur les autres applications possibles
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évoquer les évolutions prévisibles
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donner des éléments de coûts
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permettre un débat : arguments pour et contre.
Voir en annexe un canevas établi à partir de l'analyse conduite aux chapitres précédents
Une formation plus ambitieuse pourrait s'inspirer de celles mises en place par Technofutur3 voir page 381, adressée à l'équipe de direction de la pme, et allant jusqu'au niveau de la réflexion stratégique et la mise en place d'un plan d'action
8.3.6.2Former les conseillers de l'entreprise sans oublier les experts comptables
Il va de soi que ceux qui seront chargés, du côté des pouvoirs publics de conduire l'action, devront, au minimum, suivre une formation de ce type.
Dès 1998 une formation commune aux DRIRE et aux CCI a été mise en place à titre expérimental. Après évaluation et ajustement il a été décidé de la généraliser.
Il conviendra de former
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non seulement ceux qui sont chargés de conseiller directement les entreprises (chargés de mission développement industriel des DRIRE, conseillers en développement technologique, conseillers en gestion des organismes consulaires,...), comme cela a été entrepris en 1998
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mais aussi les ingénieurs chargés de missions régaliennes qui sont en contact avec les PME et dont le rôle peut être tout à fait essentiel dans le succès de l'opération (métrologie, véhicules, appareils à pression, énergie, environnement,...) et dans les chambres de Commerce, les conseillers export, vente, CFE,…
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et bien entendu les directeurs eux-mêmes.
Le problème des entreprises de conseil est par contre encore mal résolu : trop peu d'entre elles ont aujourd'hui la compétence pour diagnostiquer rapidement l'intérêt d'un développement Internet
Est-il raisonnable à l'heure actuelle d'aider financièrement, et donc de cautionner, l'intervention dans une entreprise d'un conseiller en qualité, en export, en intelligence économique, en intégration informatique … qui n'aurait pas cette compétence minimum ?
Que penserait-on d'un conseiller en énergie qui ignorerait les principaux usages de l'électricité ?
Nous proposons que les aides du FRAC ne puissent être attribuées que si le conseil est capable de justifier une compétence, même minimum dans un premier temps dans ce domaine (il pourra bien entendu s'appuyer sur un collègue plus pointu s'il s'avère nécessaire d'aller plus loin).
Sur ce point notons l'initiative de la Drire Aquitaine qui a organisé une formation, suivie d'une assistance techniques aux conseillers en stratégie de sa région:
Trouver un formateur compétent ne s'est pas révélé être une mince affaire…
Rappelons également le rôle essentiel de certaines professions comme les experts comptables à qui il serait extrêmement utile de proposer de telles formations (eux-même devant sans doute profondément repenser leur métier et leur organisation en réseau)
Une enquête menée en 2003 par la ville et la CCI de l'arrondissements de Lille et de Flandre Intérieure auprès de 7000 entreprises (2500 réponses provenant majoritairement d'entreprises industrielle, dont les deux tiers inférieures à 20 personnes a montré que pour les projets de développement les PME recherchent des conseils très majoritairement chez leur expert comptable qui viennent largement en tête (329), devant les Organisations professionnelles (191), les consultants (173) et les CCI (99)
Les guides méthodologiques, annuaires de compétences régionales (conseil, prestations de service, formation,…), outils d'autodiagnostic, guides méthodologiques dont nous avons parlé plus haut pourraient être utilisés et affinés dans le cadre de ces formations (leguide DiagnosTIC de la CCI Paris est issu du séminaire de formation des 60 conseillers PME de la Chambre)
8.3.6.3De nouveaux métiers? Ou plutot un profond changement dans les métiers actuels?
Certes quelques nouveaux métiers émergent: en parcourant les offres d'emploi ou les descriptions de poste de France Télécom on découvre outre les webmaster, les hot liner, cyber-rédacteur, conseil en e-stratégie, manager en marketing interactif, techniciens en réseau IP, chef de projet multimédia, les web designer, les animateurs de forum, les chefs de publicité on-line, les conseillers en e-commerce, les cyberwriter, les Sysop, les vendeurs-animateurs multimédia,….
Derrière cette floraison de néologismes qui pourrait laisser croire que l'arrivée de l'Internet se traduira seulement par l'arrivée d'une nouvelle couche de spécialiste et la disparition d'anciennes spécialités se cache une évolution beaucoup plus profonde de tous les métiers
Tous les métiers sont profondément transformés: VRP, commerciaux en magasin, marketing/vente/sav, "appro", comptables, service achat, logistique, ingénieur, opérateur de machines, DRH, hiérarchies intermédiaires, "cadres" voir page 245 en particulier l'organisation de l'entreprise qu'implique la mutation en cours amène à reconsidérer profondément le métier du cadre:
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plus qu'un échelon hierarchique répercutant les instructions et contrôlant leur application (logique de méfiance),
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il devient celui qui est en charge de créer les conditions permettant les prises d'initiative et un service rapide, innovant et efficace pour le client. Il veille au developpement des compétences de ses collaborateurs et à leur épanouissement professionnel. On attend de lui des qualités d'animateur, de capacité à résister au stress, 'd'entrepreneur" et de créativité (logique de confiance) :
cela implique de profonds changements dans la pédagogie de tous les formateurs de cadre et des mutations sans doute parfois douloureuses pour ceux qui sont aujourd'hui en activité : "aptitudes à travailler en réseau,à communiquer et à faire face le plus rapidement possible à des situations de plus en plus interactives" Alain d'Iribarne directeur du LEST du CNRS à Aix en Provence http://www.univ-aix.fr/lest
l'ESC de Grenoble a créé un centre de recherche "Time" (Technological Impact on the Management of Enterprises http://www.esc-grenoble.fr/med-itn) afin d'aider les cadres à gérer cette mutation, la Fédération Française du Batiment a publié une étude "Ntic pour le développement de la compétence et de la formation, de même l'AFB (banques) et les Ecoles des Mines et des Télécom revoient en profondeur leur pédagogie dans cette optique
Il en va de même pour les commerciaux (tant pour les acheteurs que pour les vendeurs):
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d'un côté l'accélération des cycles de vie des produits, la possibilité de les concevoir plus facilement des solutions adaptées aux besoins, exige de lui des capacités "d'écoute active", afin d'aider le client à définir ses besoins, et d'innovation pour y apporter la réponse en mobilisant les compétences de son entreprise (ou inversement de trouver auprès de ses fournisseurs de sources de solutions nouvelles)
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d'un autre côté la diminution des taches administratives (prise et gestion des ordres) qui sont effacées par le supply chain management supprime le vendeur "preneur de commande" et le service "appro"
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enfin comme le souligne Yves Lasfargue http://perso.wanadoo.fr/yves.lasfargue alors que jusqu'à présent seule une minorité du personnel était au contact du client (un tiers il y a une génération), ce sera demain la grande majorité (78% déjà aujourd'hui) ce qui implique un état d'esprit et des aptitudes tout à fait différentes : c'est sans doute à France Télécom et dans les banques que cette mutation a été la plus rapide (à cause du retard pris) mais ce mouvement se produit dans tous les secteurs
plus encore que de nouvelles compétences c'est d'un nouvel état d'esprit dont les entreprises ont besoin et c'est sans doute un des facteurs explicatifs majeur aux différences constatées entre les pays dans la capacité à tirer les fruits des nouvelles opportunités offertes par Internet
Il convient donc de mettre en place des formations concernant chacun des métiers (comptabilité, achats, bureau d'étude, documentation, vente, maintenance,…): ces formations porteront autant sur les aspects organisationnels qu'implique la mutation en cours que sur les nouveaux outils qui se mettent en place
Certaines entreprises, bien entendu, pourront avoir besoin de personnel beaucoup plus "pointu" dans les technologies Internet (notamment les sociétés de services dont le développement doit être encouragé) :
Toujours avec le même souci d'utiliser des "produits" dont le mode d'emploi est déjà connu par les PME, il conviendra de mobiliser dans ces cas les procédures ARC, CORTECH et aide au recrutement de chercheurs.
Par ailleurs l'AFTEL remarque, à juste titre, que pour des fonctions de webmaster, des jeunes sans diplôme mais "branchés" et fortement motivés peuvent être particulièrement performants :
il convient néanmoins d'être capable de détecter et de sélectionner ces jeunes à "haut potentiel" (plus encore que de les former car, là encore, l'expérience montre qu'une forte motivation permet une autoformation très rapide: le bilan du programme FIDJIT de formation de techniciens a l'informatique a été un échec en terme de formation, mais un franc succès en terme de détection de talents et d'embauche immédiate de ceux-ci).
Il serait souhaitable qu'une initiative soit prise en ce domaine.
En tout état de cause la procédure ARC, citée plus haut, a été instituée pour aider l'entreprise à s'attacher les services d'un cadre capable de créer une nouvelle fonction porteuse de développement.
Elle doit être mobilisée pour ce type de profil.
8.3.6.5…et à l'inverse de formations touchant un public très large
En sens inverse il apparaît également éminemment souhaitable que très rapidement tout le personnel bénéficie d'un minimum de formation à Internet :
L'expérience montre en effet que bien souvent des initiatives extrêmement intéressantes naissent tout à fait à la base, au contact des clients et des nécessités opérationnelles.
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