Avec la Renaissance, l’imitation des Anciens fixe les genres antiques de manière prescriptive et normative. Le mot « genre » apparaît d’ailleurs à cette époque. Nicolas Boileau, dans son Art poétique, reprend les trois « grands genres » hérités d’Aristote (tragédie, épopée, poésie) et dénombre plusieurs « genres secondaires » (églogue, élégie, ode, sonnet, épigramme, rondeau, madrigal, satire et vaudeville). Au xviiie siècle, avec Georg Wilhem Friedrich Hegel, dans l’Esthétique (parution posthume, 1835-1838), l’épique exprime la conscience d’un peuple, le lyrique exprime le moi individuel, le dramatique « réunit les deux précédentes pour former une nouvelle totalité qui comporte un déroulement objectif et nous fait assister en même temps au jaillissement de l’intériorité individuelle ». Les romantiques, notamment allemands, adoptent cette triade lyrisme-épopée-drame, mais s’essaient à un mélange des genres, se libérant ainsi de leur caractère prescriptif et normatif, jusqu’alors admis.
2.5
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Les genres aux xixe et xxe siècles
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Au xixe siècle, la poésie, le récit (ou roman) et le théâtre semblent devenir les « genres majeurs ». Ferdinand Brunetière, dans l’Évolution des genres dans l’histoire de la littérature (1890), calque sa théorie sur celle de l’évolution et admet que les genres littéraires ont une vie propre, qu’ils naissent, grandissent, atteignent un degré de maturité puis déclinent et meurent. Il note par ailleurs qu’ils se différencient comme les espèces, subissant la loi de la sélection naturelle, et qu’ils sont soumis à un engendrement évolutif. Il ajoute qu’« en littérature comme en art — après l’influence de l’individu —, la grande action qui opère, c’est celle des œuvres sur les œuvres. Ou nous voulons rivaliser, dans leur genre, avec ceux qui nous ont précédés ; et voilà comment se perpétuent les procédés, comment se fondent les écoles, comment s’imposent les traditions ; ou nous prétendons faire autrement qu’ils ont fait ; et voilà comment l’évolution s’oppose à la tradition, comment les écoles se renouvellent, et comment les procédés se transforment ». À sa théorie s’oppose la vision de Beneditto Croce, qui considère les genres littéraires comme des « pseudo-concepts », des « étiquettes » destinés aux classements des libraires et bibliothécaires. Dans les années 1950, avec Maurice Blanchot, ou dans les années 1960-1970, avec Roland Barthes, la notion est mise à mal, et les tentatives de la rendre obsolète se multiplient.
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