États-unis d'AMÉrique le territoire et les hommes Géographie


La mise en valeur du territoire



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La mise en valeur du territoire




L'agriculture


L'adaptation de l'agriculture aux conditions climatiques a fait progressivement apparaître aux XIXe et XXe siècles de grandes régions spécialisées (les belts). Ainsi, et jusqu'aux décennies de 1970 et 1980, on distinguait : la Dairy Belt (produits laitiers), dans les régions fraîches et humides de la Nouvelle-Angleterre aux Grands Lacs ; la Corn Belt (maïs), plus au sud, de l'Ohio au Nebraska ; la Tobacco Belt (tabac) , dans le Centre-Est au climat déjà subtropical (Kentucky, Virginie) ; la Cotton Belt (coton), dans les États du Sud-Est ; la Wheat Belt (blé), dans les régions plus sèches des grandes plaines, du Texas au Kansas et aux deux Dakota. De manière globale, les productions des États du Sud étaient ainsi orientées vers l'exportation, tandis que celles du Nord et de l'Est s'écoulaient principalement sur le marché intérieur.

Si aujourd'hui ces belts sont encore le reflet d'une réalité, les progrès intervenus tant en matière de technique agricole que de génétique, la mondialisation, l'évolution des goûts des consommateurs ont amené une diversification des productions de chaque région et une émergence de nouveaux espaces agricoles, notamment la Californie qui passait inaperçue dans la division par belt, alors qu'elle est aujourd'hui l'une des premières régions agricoles du pays. Globalement, on peut noter une diversification des différentes zones agricoles, au profit notamment du Sud.



Recherche et mondialisation : les facteurs du changement


Les progrès réalisés dans les techniques de mise en valeur agricole sont largement responsables des bouleversements de la géographie de l'agriculture, et notamment de sa subtropicalisation, c'est-à-dire du poids grandissant des régions au climat subtropical dans la production. Tout d'abord, l'irrigation a permis de mettre en valeur des régions longtemps arides et peu fertiles : vallées californiennes, Texas ou encore les oasis de l'Arizona et du Nouveau-Mexique où s'épanouit notamment la culture du coton. C'est également l'irrigation qui a permis l'installation des feedlots, ces vastes exploitations d'élevage bovin qui peuvent compter jusqu'à 100 000 bêtes, dans les régions de contact entre les hautes terres de l'Ouest et les zones céréalières (Nebraska, Kansas, Texas).

Les recherches en génétique ont également favorisé l'implantation ou l'extension de certaines activités agricoles, notamment la culture du maïs qui, grâce aux variétés hybrides plus résistantes, a pu s'étendre au-delà de la Corn Belt. Notons également le développement du soja qui, par ses qualités protéiniques, a révolutionné l'alimentation du bétail et s'est largement répandu depuis les Grands Lacs jusqu'aux États du Sud. Concernant l'élevage, l'insémination a facilité la diffusion des races les plus productives, notamment les holstein, la race bovine la plus répandue aux États-Unis. Ces applications de la génétique se sont trouvées au centre des débats sur les O.G.M. (organismes génétiquement modifiés), qui opposent entre autres les États-Unis et l'Union européenne, plus réservée sur la question au nom du principe de précaution.

Ajoutons que l'informatique et les progrès dans le monde de la communication en général, s'ils ont eu peu d'impacts géographiques, ont permis d'optimiser l'agriculture. Celle-ci est de plus en plus intégrée à la recherche, à laquelle participent l'État fédéral, les firmes agrochimiques (Dupont de Nemours, Union Carbide, plus récemment Monsanto pour les O.G.M.) et les universités. Ces facteurs permettent donc une diversification des productions agricoles et entraînent parallèlement une concentration de l'activité sur les zones les plus productives.

Cette double évolution de diversification et de concentration est favorisée par le phénomène de mondialisation et l'affirmation, à l'échelle de la planète, de grands groupes agro-industriels (Cargill pour le blé, Smithfield Foods pour la viande de porc). Ces groupes se sont installés en priorité là où l'exploitation familiale traditionnelle n'existait pas ; ils ont ainsi participé à l'émergence de nouvelles régions, aujourd'hui marquées par l'agriculture capitaliste : Californie, Floride, Texas et plus largement les États du Sud. Les productions d'arachides en Georgie et en Alabama, d'agrumes en Floride ou de riz dans le delta du Mississippi en sont des illustrations. Toutefois, les performances en matière de production ont également entraîné la concentration de la production agricole sur un nombre restreint d'exploitations, tandis que leur surface moyenne augmentait. Ainsi, au début des années 1990, sur 2,3 millions d'exploitations, 700 000 assuraient à elles seules les quatre cinquièmes des ventes de produits agricoles.

Des zones de déprise agricole apparaissent donc progressivement dans les dernières décennies du XXe siècle dans les régions les moins productives, se traduisant par l'augmentation des surfaces boisées, notamment en Nouvelle-Angleterre, et par le retour à la prairie dans certaines régions de l'Ouest. Dans le Sud, en revanche, la sylviculture a pris possession de nombreuses terres abandonnées par l'agriculture, notamment pour l'exploitation des pins destinée à la production de papier.

L'évolution des goûts des consommateurs a également provoqué des transformations dans la géographie des productions. Les dernières décennies du XXe siècle sont marquées par un engouement pour les fruits et légumes frais, favorisant le phénomène de subtropicalisation et la multiplication des zones maraîchères à proximité des régions les plus urbanisées, dans le Maine, le Maryland ou le Delaware, régions du truck farming, le transport des produits se faisant par camions. Parallèlement, la consommation de viande rouge a baissé au profit de celle des viandes blanches et du poisson : l'aviculture s'est ainsi largement développée dans les États du Sud-Est (Arkansas, Floride, Alabama), tandis que la pisciculture industrielle, notamment celle du poisson-chat, est très active dans les bayous du delta du Mississippi. Enfin, les graisses animales ont été délaissées au profit des graisses végétales, favorisant l'essor du maïs ou du soja aux dépens des productions laitières.



Les grandes régions agricoles


Dans la seconde moitié du XXe siècle, la géographie agricole des États-Unis s'est transformée rapidement et en profondeur, et les traditionnelles belts, parfois, n'existent plus qu'à l'état résiduel.

Est ainsi apparue une « Sun Belt agricole », de la Californie au Vieux Sud en passant par les États de la frontière mexicaine et du golfe du Mexique. Cette ceinture intègre en effet les régions agricoles les plus dynamiques, marquées par l'agrobusiness, l'échelle essentiellement nationale du marché, la complémentarité saisonnière des productions et le recours à la main-d'œuvre temporaire (les braceros mexicains). Elle n'est toutefois pas homogène comme pouvaient l'être les anciennes belts et s'y côtoient les zones de très forte production et les zones de déprise.

Parmi les régions les plus dynamiques, on peut distinguer la Californie (vallées irriguées, vergers, vignobles de la vallée de la Napa), dont l'agriculture a connu la plus forte croissance depuis 1950 et qui est, depuis 1997, le premier État laitier grâce aux méthodes de production hors sol. Plus à l'est, le coton assure l'essor des vallées irriguées d'Arizona et du Nouveau-Mexique, mais également du Texas, de plus en plus présent dans l'agriculture américaine grâce au riz, au sorgho, mais surtout grâce à l'élevage bovin d'embouche organisé en feedlots. Au-delà, certaines régions de l'ancienne Cotton Belt opèrent une diversification réussie, après la migration des cultures cotonnières vers l'ouest : en Louisiane et dans les autres États du golfe, notamment grâce au riz, aux cultures tropicales (agrumes, fruits, légumes) et à la pisciculture dans la région du delta, mais également au coton qui persiste dans la vallée du Mississippi. L'aviculture et les arachides ont assuré la diversification du Vieux Sud atlantique, tandis que la Floride s'imposait sur le marché des agrumes et des fruits tropicaux, notamment pour la fabrication des jus de fruits. On peut intégrer à cet ensemble le Nord-Ouest (Washington, Oregon, Idaho) et ses productions de blé, fruits et pommes de terre.

De cette Sun Belt agricole qui a connu les plus profondes transformations, se distinguent les anciennes belts qui ont évolué plutôt vers une complémentarité des productions. Le pays des farmers, caractérisé par l'exploitation familiale, l'encadrement des coopératives et l'échelle internationale des marchés, est le plus dépendant vis-à-vis des politiques agricoles de l'État fédéral.

Les – Wheat Belts, du Nord (blé de printemps) et du Sud (blé d'hiver), ont connu peu de transformations, même si l'on y observe une certaine diversification (légumes de plein champ, tournesol, lin, orge de brasserie).

La – Dairy Belt est marquée par la récession spatiale liée à l'abandon des terres les plus septentrionales, à saison végétative trop courte. Elle reste toutefois la première région laitière du pays (Pennsylvanie, Minnesota pour le fromage, États de Nouvelle-Angleterre), bien que le Wisconsin, premier État laitier traditionnel, ait été détrôné par la Californie. La Dairy Belt connaît néanmoins une diversification, due notamment à la baisse de la consommation des graisses animales au profit des graisses végétales : soja et maïs se répandent donc sur ces terres des Grands Lacs.

La – Corn Belt – devenue Corn and Soy Belt dès lors que le soja a été perçu comme la plante miracle pour l'engraissement des bœufs et des porcs – s'est en effet largement répandue vers les Grands Lacs, mais également vers le sud, en parallèle avec d'autres cultures comme la luzerne. Toutefois, l'élevage bovin tend à régresser dans le Nord depuis que les feedlots ont remis en cause les méthodes artisanales d'engraissement. La région reste dominante pour l'élevage porcin.

À côté de ces deux grands ensembles d'agriculture intensive, coexistent des espaces où l'agriculture joue un rôle plus marginal, notamment dans les régions montagneuses dominées par les surfaces boisées (monts Ozark, Appalaches) ; se distinguent également les Rocheuses, pour les mêmes raisons, mais également pour l'élevage extensif (ranching) des bovins dans le Nord, des ovins dans le Sud.



L'agriculture américaine aujourd'hui


Avec une surface agricole utile (S.A.U.) couvrant un cinquième du territoire, l'agriculture américaine se place au premier rang dans le monde, tant en termes de production (tabl. 4) que d'exportation ; elle participe ainsi à l'hégémonie du pays. C'est au Japon, dans l'Union européenne, au Canada, au Mexique et en Corée du Sud que s'écoulent principalement ses productions, dégageant une balance agricole presque toujours excédentaire. Maïs, soja et viande bovine sont les points forts de cette agriculture, qui n'emploie plus que 1,9 % de la population active, mais 20 % si l'on prend en compte la filière agroalimentaire.

Ce dynamisme ne peut cependant cacher les très fortes disparités entre une agriculture capitaliste qui génère de gros revenus (Californie, Texas, Floride) et tout un monde agricole qui ne bénéficie pas des évolutions technologiques et foncières : petits exploitants du Vieux Sud ou de Nouvelle-Angleterre, petits éleveurs de l'Ouest. À cela s'ajoute la dépendance de nombreux exploitants vis-à-vis de la politique agricole fédérale qui tente de gérer la surproduction par des aides à l'exportation, par l'instauration de bons alimentaires ou par le gel de certaines terres. Enfin, des problèmes environnementaux, notamment liés à l'irrigation, révèlent également les fragilités de la première agriculture mondiale.



Une géographie industrielle en recomposition


La géographie industrielle américaine est longtemps restée confinée au Nord-Est, de la mégalopole atlantique aux Grands Lacs. La présence des foyers de population, l'amélioration des couloirs de transport, la proximité des matières premières (houille, minerai de fer dans les Appalaches) et des possibilités portuaires sur l'Atlantique et sur les lacs se sont conjuguées pour favoriser l'industrialisation du Nord-Est qui est resté, de l'arrivée des premiers colons aux années 1950, l'unique foyer industriel des États-Unis. Le textile en Nouvelle-Angleterre, la métallurgie dans la vallée de l'Ohio (notamment à Pittsburgh), l'automobile dans la région des Grands Lacs (Detroit), l'industrie agroalimentaire et les minoteries dans le Midwest (Chicago, Minneapolis) ont ainsi dessiné la Manufacturing Belt vers laquelle le système fordiste a attiré un nombre croissant d'ouvriers jusqu'en 1960. Le reste du pays avait alors pour rôle de fournir ce grand Nord-Est, gourmand en matières premières et en énergie.

Cette géographie industrielle a bien évolué depuis lors, et si l'industrie reste un secteur clé de la puissance économique américaine (tabl. 5), elle emploie une main-d'œuvre de moins en moins nombreuse. La crise dans les pays développés des industries textiles et sidérurgiques a tout d'abord affaibli l'industrie du Nord-Est, qui reposait principalement sur ces deux secteurs. Ensuite, la volonté du gouvernement fédéral de développer la côte ouest, notamment par de lourds investissements dans les industries d'armement, a provoqué une rapide expansion, de Seattle à San Diego en passant par la Silicon Valley, à proximité de San Francisco.

Troisième facteur d'évolution, l'apparition de nouvelles productions (électronique, informatique) et donc de nouveaux modèles industriels : désormais, ce n'est plus la proximité des matières premières ou des bassins de main-d'œuvre nombreuse qui guide les localisations industrielles, mais plutôt les agréments (mer ou montagne, ensoleillement), la proximité d'une main-d'œuvre diplômée – et donc d'universités ou de centres de recherche – ou encore celle d'un nœud autoroutier ou d'un aéroport international. Les technopoles sont ainsi nées dans la Sun Belt, faisant surgir de nouvelles régions industrielles : la révolution informatique a propulsé la Californie sur la scène mondiale, notamment grâce à la multiplication des implantations dans la Silicon Valley (Apple, Intel, Hewlett Packard) ou encore dans le comté d'Orange, à Los Angeles. Le Nord-Ouest s'est également rapidement développé à partir des années 1960 grâce aux industries aéronautiques (Boeing) et informatiques (Microsoft) à Seattle et plus récemment dans le parc d'activités de la Silicon Forest de Portland. Le Texas, poussé par les recherches de la N.A.S.A., a également profité de l'essor industriel du Sud, notamment à Houston, Dallas et plus récemment Austin et San Antonio. Enfin, Atlanta, forte de la présence du siège de Coca-Cola et surtout du géant de la communication C.N.N., s'est spécialisée dans les technologies de l'information, un dynamisme qui s'est répercuté sur le couloir Atlanta-Washington (Charlotte, Raleigh). La Floride bénéficie également de la recherche aérospatiale à Cape Canaveral. Ce boom économique a hissé au rang de métropole des villes qui, jusqu'au milieu du XXe siècle, étaient restées de moindre importance : Phoenix, Denver, Dallas, Atlanta...

Le succès industriel du Sud a ainsi minimisé le poids du Nord-Est (qualifié de Rust Belt, ceinture de la rouille) dans la production industrielle, sans toutefois l'effacer. En effet, la reconversion des vieux secteurs et surtout le développement des industries de haute technologie ont rendu au Nord-Est son rôle historique de locomotive industrielle.

Le textile, premier secteur à entrer en crise dès les années 1960, a opéré une reconversion et fait à nouveau des bénéfices. Toutefois, la production s'est délocalisée vers le sud (Vieux Sud, Californie), là où la main-d'œuvre à bon marché (Noirs et Hispaniques notamment) est plus nombreuse et également moins syndiquée. Le secteur sidérurgique s'est également transformé : littoralisation de la production dans les années 1960 et plus récemment fusions des groupes (Bethleem Steel et Allegheny Teledyne), accords avec les concurrents (Inland Steel et Nippon Steel), réduction des effectifs ont ensemble rééquilibré le secteur, toujours localisé à proximité du principal consommateur, l'industrie automobile des Grands Lacs. Celle-ci, largement dominée par les Big Three historiques (General Motors, Ford, Chrysler), reste en effet située principalement dans le Michigan (notamment à Detroit), puis dans l'Ohio (pour les voitures japonaises), le Kentucky et le Missouri.

Enfin, les nouvelles technologies ont permis la reconversion d'anciennes régions industrielles. La Nouvelle-Angleterre a connu une véritable renaissance à partir des années 1960 : la route 128 qui ceinture Boston a vu l'implantation de nombreuses entreprises, notamment dans l'industrie pharmaceutique, attirées par la présence des universités prestigieuses de Harvard et du M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology). Les industries nouvelles sont également bien implantées dans la mégalopole, notamment dans les banlieues de New York (Princeton Corridor) et de Washington (Biotech Valley). Les industries traditionnelles des Grands Lacs ont également attiré des activités nouvelles qui leur sont liées, notamment la robotique à Detroit.

Enfin, le Nord-Est conserve largement le pouvoir sur la production industrielle. Si la Sun Belt a bénéficié d'une décentralisation de la production, elle reste souvent tributaire des centres de décision, concentrés dans la mégalopole du Nord-Est – notamment à Manhattan, lieu d'élection privilégié des sièges sociaux – puis à Chicago ; la Californie et le Texas ne viennent qu'ensuite.

La géographie industrielle américaine a donc connu un élargissement quant aux lieux de production, mais le Nord-Est reste dominant. Toutefois, ces évolutions ont creusé des disparités au sein du territoire : à l'échelle des villes, d'une part, où les activités industrielles à bas salaires se concentrent dans l'Inner City (la confection, notamment) par opposition aux banlieues où s'installent les nouvelles industries ; à l'échelle de la nation, d'autre part, puisque les ateliers d'assemblage réclamant une main-d'œuvre nombreuse s'installent dans le Sud (maquiladoras), et notamment à la frontière mexicaine où des foyers industriels se développent dans les villes doubles (San Diego-Tijuana, Brownsville-Matamoros, El Paso-Ciudad Juarez).





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